La pire espèce

Les textes sacrés ne le mentionnent pas, mais lorsque Noé avait rassemblé sur son arche des animaux pour les sauver, il lui avait fallu accrocher à sa fameuse embarcation un petit bateau supplémentaire pour que le compte soit bon ! Malheureusement, une forte tempête a séparé les deux navires et le plus petit des deux s’était échoué sur une île restée inconnue encore de nos jours ; île sur laquelle les animaux concernés ont vécu leur vie en fondant une société bien à part. Des hyènes féministes, des pitbulls fascistes, des ânes gauchistes, des bonobos, aussi… Et d’autres encore ! Autant de races qui ont développé leurs activités, que ce soit dans la "Fabrique de la rumeur", sur la scène du festival des Vieilles Bourriques, sous les néons de Fric City, dans les cavernes de Horror City, etc, etc…

Ces îliens, quoique vivant dans des paysages paradisiaques, doivent cependant craindre un virus qui a fini par s’installer chez eux : le terrible virus Zarako qui fait délirer ceux qu’il attaque et ne les fait plus s’exprimer qu’en dictons !

La fille de Badin le bonobo va contracter ce mal. Pour la soigner, Badin va parcourir l’île à la recherche d’écorce de "vénéré bonzaï" : le remède. En parallèle, le jeune bonobo Sélo va poursuivre la même quête…
 

Par sylvestre, le 19 novembre 2010

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Notre avis sur La pire espèce

L’idée est louable même si elle a déjà maintes fois été exploitée : se moquer de la société en "protégeant par un masque" (ici animalier) les personnes dont on veut exacerber les travers. Une idée maintes fois exploitée en effet puisqu’à bien y regarder, cet exercice est un grand classique de l’art de la caricature depuis des dizaines et des dizaines d’années, ce qui n’empêche pas certains auteurs de continuer à perpétrer cet art, et Ptiluc, bien connu notamment pour ses Rat’s, en fait partie.

Pour cet album La pire espèce, les auteurs ont vu grand dans ce sens où ils n’ont pas lésiné sur le nombre des types de personnages à écorcher : journalistes, politiques, militants associatifs, extrémistes en tous genres, banquiers, hippies et bien d’autres encore. Mais… n’est-ce pas au final au détriment d’autre chose ? Car cette bande dessinée est une BD humoristique, évidemment. Or, l’humour y a malheureusement plutôt le rythme d’un moteur qui broute au lieu de démarrer franchement : jamais on n’atteint des sommets d’hilarité et on reste plutôt dans le sourire que dans le rire. En effet, l’album est long, comptant environ 90 pages, mais c’est finalement toujours le même schéma qui y est utilisé : sous forme de quête aventureuse, l’histoire fait rencontrer des catégories d’îliens différents à Badin et Bonie (sa fille malade) ainsi qu’à Sélo, établissant aux yeux des lecteurs une "liste" de ces rencontres certes originales et rigolotes plutôt que faisant émerger un scénario vraiment original et donc un tout solide. C’est le genre de reproche qu’on pourrait faire aussi à une BD comme Quai d’Orsay (pour rester dans la caricature politique, Richard Malka ayant déjà réalisé des BD-brûlots contre Nicolas Sarkozy avant de co-signer ce La pire espèce) : avoir une bonne idée mais ne surfer que sur elle, créant de la répétition et donc de la lassitude…

Déception donc à la lecture de cet album qui, malgré le double niveau de lecture et les bons (jeux de) mots qu’il offre, ne parvient pas à être 100% efficace.
 

Par Sylvestre, le 19 novembre 2010

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