PETITE BEDETHEQUE DES SAVOIRS (LA)
Le roman-photo

Né en Italie de l’après guerre, le roman-photo a rapidement remporté un vif succès jusqu’à la fin des années 70, souffrant du succès grandissant de la télévision et des soaps. Néanmoins, pendant longtemps cantonné à une succession de codes et de thèmes très fleur bleue, ce genre n’a que très peu développé ses multiples possibilités. Il faudra attendre son retour à la fin des années 90 et 2000 pour voir des artistes se pencher avec intérêt sur ce potentiel !
Ce petit volume se penche donc sur le phénomène, ses origines, son évolution et ses mutations actuelles !

Par fredgri, le 10 décembre 2018

Publicité

Notre avis sur PETITE BEDETHEQUE DES SAVOIRS (LA) #26 – Le roman-photo

Je dois bien avouer que je suis arrivé à ce petit volume par un hasardeux concours de circonstance. A la base, je ne suis pas particulièrement amateur de Roman-photo et encore moins de son histoire !
Toutefois, il faut rester ouvert et l’objet graphique me plaisait !
Je suis bien content d’avoir tenté cette lecture. D’une part le sujet est bien plus intéressant qu’il ne peut y paraître, au premier abord, ensuite, les planches sont extrêmement belles et très audacieuses, formellement !

Il faut savoir que le roman-photo a eu un succès incroyable dès le début, allant jusqu’a atteindre 12 millions de lecteurs pour les seuls titres du groupe Cino Del Duca (Nous Deux, Intimité, Modes de Paris et TéléPoche) en 1970 !!! Un chiffre mirifique que la presse traditionnelle était très loin d’atteindre !
Comment expliquer ce phénomène au retentissement international ? Digne héritier des "Ciné-romans", qui adaptaient les films en vogue, présentant une adaptation cérite, illustrée de photos de plateau ou de phonogrammes (des photo de promo reprenant des plans du film)), et des "Romans dessinés", des bandes dessinées en noir et blanc qui imitaient les histoires et l’esthétique du cinéma hollywoodien, le "roman-photo" va très vite conquérir un public majoritairement féminin avec ses thématiques sirupeux et ses codes narratifs très marqués, le tout dans des récits très immersifs.
Toutefois, même si la critique crache sur ce genre particulièrement populaire, il intéresse quelques intellectuels, et plus particulièrement les cinéastes qui vont lui rendre des hommages marqués, à l’occasion !

Cette histoire est donc vraiment passionnante, non pas pour ce qui touche le contenu même des récits mis en scène, mais par l’évolution de ce phénomène qui a permis de véhiculer des propos qui ont participé à la révolution sexuelle, aux changements des mœurs etc.

Les auteurs ne se lancent pas dans du prosélytisme, mais plutôt dans une sorte de réhabilitation érudite et pertinente ! Le Roman-Photo a peut-être longtemps, et très majoritairement, été consacré aux histoires sentimentales à l’eau de rose, néanmoins, depuis une trentaine d’années il est reconnu comme un genre aux multiples possibilités, plein de potentiel !
Et c’est ce qui est d’ailleurs démontré au travers des pages mises en scène par Clémentine Mélois qui explore les limites de ces codes, collant des photos, en recolorisant d’autres, changeant les dialogues, redessinant des montages etc. C’est une joyeuse palette qui s’ouvre devant nous, magnifique hommage au sujet et au propos, un traitement qui transcende littéralement la démonstration !

Devant le brio de ces deux auteurs complices nous ne pouvons que plonger, enthousiaste, dans ces pages !
Je ne dis pas qu’en contre partie, je vais dévorer du roman-photo à la pelle, peut-être davantage me tourner vers les conseils de lecture de Jan Baetens et Clémentine Mélois. Je suis sur que je vais y trouver mon bonheur !

En attendant, je vous conseille vivement de vous procurer ce livre édifiant !

Par FredGri, le 10 décembre 2018

Publicité