PART DE L'OMBRE (LA)
Tuer Hitler

Décembre 1938 : Maurice Bavaud veut assassiner Hitler, mais il hésite et tergiverse. Pour qui agit-il ? Pour quels motifs ? Pourquoi son procès en réhabilitation en 1955, dans un Berlin où la Guerre froide est bel et bien installée, se termine-t-il par une condamnation pour cet homme exécuté en 1941 ? Guntram Müller et Wolf Fiala, journalistes au Berliner Zeitung, vont tenter d’éclairicir les nombreuses zones d’ombre qui planent sur cette affaire…

Par v-degache, le 22 janvier 2021

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Notre avis sur PART DE L’OMBRE (LA) #1 – Tuer Hitler

Le premier tome de La part de l’ombre s’ouvre sur une scène magistrale. Maurice Bavaud, jeune Suisse de 22 ans est venu assister, aux premières loges, au défilé du Jour de mouvement, le 9 novembre 1938, dans la capitale du nazisme, Munich. Il est ici pour abattre le Führer. Alors que Hitler passe à quelques mètres de lui, il renonce à un geste qui aurait pu empêcher l’horreur qui allait suivre.
La mise en scène de Patrice Perna est brillante, le dessin de l’Espagnol Francisco Ruizgé exprime à merveille la liesse qui agite la foule pressée de découvrir les dignitaires nazis, et le drame qui va peut-être se jouer. Les couleurs froides de Delf réhaussent parfaitement le tout pour recréer avec brio cette atmosphère. Le lecteur est dans l’ambiance, La part de l’ombre s’annonce comme un dyptique marquant, tout comme le furent Kersten, médecin d’Himmler (déjà scénarisé par P. Perna) et Le banquier du Reich, tous deux chez Glénat.

Le récit nous emmène ensuite à Berlin-Est, en décembre 1955. Celle-ci a été divisée entre les quatre vainqueurs de la guerre, France incluse, et cela en plein cœur de la zone soviétique, alors que la rupture au sein de la Grande Alliance est proche, faisant de la ville un enjeu stratégique pour les Etats-Unis et l’URSS. Elle est d’ailleurs l’épicentre de la première crise de la Guerre Froide en 1948-1949, Staline mettant en place un blocus autour de la partie occidentale de Berlin, avant finalement de céder devant l’intransigeance étatsunienne, entrainant la division municipale de Berlin en deux entités.
On y découvre Guntram Müller, journaliste au Berliner Zeitung, ancien de la Kriminalpolizei (KriPo) chargée d’enquêter sur les crimes sous le IIIème Reich. Ce personnage imaginaire incarne, dans cette RDA soviétisée, la volonté première du gouvernement de RDA d’asseoir solidement le pouvoir communiste, en se désintéressant de toute entreprise de dénazification. Guntram est également celui qui peut servir les intérêts du SED, le Parti communiste de RDA, et ne constitue pas un ennemi pour le pouvoir en place.
Parallèlement, en URSS, Khrouchtchev prépare la déstalinisation, dans laquelle Guntram est amené à jouer un rôle… Ce Berlin dans lequel errent Guntram et le jeune Wolf Fiala, qu’il prend sous son aile, poursuit sa lente reconstruction. Les deux hommes couvrent le procès en réhabilitation de Maurice Bavaud demandé par son père. Ils déambulent dans une ville portant encore les stigmates des bombardements alliés massifs lors de la Bataille finale de Berlin, alors que les passages de l’Est à l’Ouest sont encore possibles, et que espions des deux camps arpentent également les rues.

Ce premier tome n’est pas vraiment une BD sur la 2ème Guerre Mondiale, seules les scènes en milieu carcéral se déroulent durant celle-ci. L’histoire nous balade entre le Berlin d’après-guerre, alors que la Guerre froide est bien installée, et un avant-guerre dans lequel Maurice Bavaud échafaude son plan, sans que l’on sache exactement ce qui peut guider cet engagement et ses actes, et que le NSDAP mène son entreprise totalitaire au sein de la population allemande, et bientôt d’une bonne partie de l’Europe.
Bavaud incarne héroïsme et mystère. Le scénario préserve l’énigme et manipule finalement le lecteur (pour son plus grand plaisir !) tout comme pourrait l’être le natif de Neuchâtel … Le tout est alimenté par une bibliographie riche et précise, permettant de construire, avec le talent des deux auteurs, une BD historique de haute volée.

La part de l’ombre – Tuer Hitler fait partie de ces premiers tomes dont on aimerait avoir immédiatement entre les mains la suite, pour éclairer toutes les zones d’ombre présentes dans ce récit halletant et passionnant de bout en bout !

Par V. DEGACHE, le 22 janvier 2021

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