LA OU VIVENT LES MORTS
La cité du sang

En 1917, alors que la guerre s’enlise et continue à dévorer les soldats, Verdun, la Somme, le Chemin des Dames, le bilan humain est effroyable. Le lieutenant Raven, lors d’une attaque au fort de Douaumont, est enterré vivant. Sorti miraculeusement de sa fosse, il a acquis le pouvoir de voir les morts, ceux qui errent encore à la frontière des deux mondes.
Depuis sa démobilisation il vit à Paris, toujours accompagné d’Idriss, caporal au 13 ème RTA, tué au bois de l’homme mort, qui veille sur lui. Lorsqu’une société secrète tente de renverser le gouvernement, il doit mettre ses talents au service de la France.

Par olivier, le 21 janvier 2011

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Notre avis sur LA OU VIVENT LES MORTS #1 – La cité du sang

Raven a la capacité de naviguer entre les deux mondes, franchissant cette frontière fragile, perméable, à la limite de notre regard. Il faut comme lui avoir franchi un stade ultime pour communiquer avec les morts.
Depuis sa démobilisation, il vit à Paris, vivant très correctement de son don de médium, par l’entremise de jeunes femmes qui viennent prendre des nouvelles de leurs maris disparus au front. Peu regardant, Raven n’hésite d’ailleurs pas lorsque le mari a quitté cette frange, cette bordure d’errance pour une nuit et un repos éternel, à leur inventer ce qu’elles souhaitent entendre.
Mais la vie tranquille de Raven, côtoyant De Bussy ou Satie, va se compliquer lorsque des cercles ésotériques très parisiens se mêlent de vouloir renverser la république.

Pécau nous entraine dans une romanesque théorie du complot, sur fond de première guerre mondiale, mêlant dans un même but l’Histoire, la politique, et les services secrets du Vatican.
Mélange de fantastique, d’ésotérisme, d’Histoire et de culture, il faut que la mayonnaise prenne, que cette recette soit suffisamment bien dosée pour que chaque ingrédient apporte un plus à l’ensemble sans pour autant emporter le goût. A cet égard, ce premier tome est réussi, il faut bien évidement apprécier le fantastique pour entrer dans l’univers créé par Pécau, mais il parvient à garder cet équilibre subtil, une alchimie teintée d’un soupçon d’humour qui donne à l’album une homogénéité plaisante.
De la guerre des tranchées à la guerre des médiums, le front se déplace dans l’éther et les combattants que l’on croise sortent tout droit de Zombieland.

Jovan Ukropina, s’est beaucoup documenté pour nous restituer l’atmosphère très particulière du Paris du début du XXème siècle. Ses portraits sont d’ailleurs particulièrement fidèles, Clémenceau, Debussy ou Satie…
Il restitue parfaitement l’ambiance voulue par le scénariste, avec un découpage nerveux et un dessin expressif sans être trop léché.
On pourra s’amuser à rechercher un certain esprit des premiers feuilletons télévisés français, mais il est une scène qui ne pourra échapper aux cinéphiles et qui est directement inspirée d’un grand film de Kubrick.

Par Olivier, le 21 janvier 2011

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