Là où se termine la terre - Chili 1948-1970

 
Pedro Atias a des racines familiales au Liban mais c’est au Chili que son grand-père a débarqué un peu par hasard un jour de 1900. Le Chili est une bande de terre coincée en Amérique du Sud entre l’Océan Pacifique et la Cordillière des Andes : un pays à la fois accueillant et hostile. C’est là que Pedro a grandi ; aux côtés d’un père instruit qui quittera le foyer mais qui lèguera à ses enfants le don de s’intéresser au monde qui les entoure. Avec les années et grâce aux conversations des adultes qu’il écoutera attentivement, Pedro gagnera son regard critique. Il observera les déséquilibres politiques et sera séduit par l’exemple du "petit voisin" cubain qui tiendra tête aux puissants Etats-Unis. Il se forgera des certitudes qui lui serviront à vivre et à espérer dans un Chili où la démocratie laissera un jour la place à la dictature…
 

Par sylvestre, le 8 février 2017

Notre avis sur Là où se termine la terre – Chili 1948-1970

 
C’est le hasard qui a fait se rencontrer les époux Frappier et Pedro Atias Muñoz. De cette rencontre s’en sont suivi d’autres d’où a fini par germer l’envie de raconter en bandes dessinées la vie du Chilien.

Toute en noir et blanc, cette BD commence poétiquement pour rapidement en venir à l’histoire familiale de Pedro avant d’entamer la suite. Les textes y trouvent une place de choix, ils rythment un exposé biographique aux transitions parfois acrobatiques (notamment au début) mais qui tend ensuite à se dérouler de manière plus fluide.

Pendant une bonne première partie, on se demande où est le Chili du titre de l’ouvrage. Pedro enfant apprend le monde par les conversations qu’il suit et par les informations qu’il entend. La lecture s’éloigne ainsi de l’Amérique du Sud, avec une forte tendance à dévier vers celle du nord dont on verra qu’elle en est assez indissociable, en vérité. Le Chili ne prend toute sa place dans le récit que lorsque Pedro devient un petit peu plus âgé, qu’il prend plus conscience des choses et qu’il se met à en vivre d’autres, à communiquer, à interagir. L’histoire du Chili nous est ainsi contée en même temps que celle de Pedro. Culture, géographie, société, évolutions… Et politique, surtout. Sans toutefois aller au-delà de la mort de Salvador Allende, sans traiter la dictature de Pinochet.

Là où se termine la terre est un exercice de portraits croisés, ou plutôt de portraits confondus : celui d’un homme et celui de plus de vingt années traversées par son pays. Une oeuvre intéressante qui nous renvoie sous d’exotiques latitudes (dont on aurait parfois aimé goûter les ambiances en couleurs !) à une époque désormais "vintage" où les espoirs chiliens nationaux et individuels de devenir plus forts sur la scène internationale furent rabotés par des alternances politiques ayant imposé de terribles années de plomb.
 

Par Sylvestre, le 8 février 2017

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