NOSTALGIE DE DIEU (LA)
Le complexe de Dieu

Cela devait arriver, Dieu est chez le psy.
Envahi par le doute, déçu par sa création qu’il préfère ignorer en la considérant comme une "erreur de Genèse", il consulte pour analyser la cause de ce rejet.
Vous pouvez imaginer que ce deuxième livre est de la même verve iconoclaste que le livre I.
L’humour et la dérision sont omniprésents et les dialogues incisifs tout à fait savoureux.

Par olivier, le 9 juin 2010

Notre avis sur NOSTALGIE DE DIEU (LA) #2 – Le complexe de Dieu

Les bases étaient déjà plantées dès La nostalgie de Dieu où, à force de médire sur lui-même et d’avoir un dialogue d’athée, Dieu virait schizophrène.
Les échanges qu’il a eus avec le petit bonhomme suicidaire du livre I ne l’ont pas arrangé, et les questions existentielles soulevées dans la conversation ont fini par l’interpeller quelque part au niveau de son vécu. Ajoutez à cela qu’il rêve qu’il tape le carton avec Batman et vous comprendrez pourquoi il se retrouve chez le psy.
Pauvre psy d’ailleurs, complètement déstabilisé à coté de Dieu qui va d’ailleurs finir par prendre la direction de l’entretien, devant l’apparent désarroi du médecin qui s’effondre de plus en plus.

Avec un Dieu au langage très contemporain, misogyne et misanthrope, l’humanité va se faire sérieusement étriller. Marc Dubuisson, au travers de ce personnage qu’il pose en véritable père ayant quelque souci avec sa progéniture, porte un regard critique sur la société.
La distance qu’il semble imposer en mettant en avant le discours du Créateur n’est qu’une manière détournée de poser l’homme en face de ses médiocres attitudes. Le rejet des étrangers, son égoïsme profond, Dieu est déçu, et il a pour le dire des réflexions grinçantes et tout à fait jubilatoires.
Et quel meilleur endroit que le divan d’un psy pour se poser et analyser la situation. Pas brillante, il est vrai, car depuis Adam et Eve les hommes n’ont pas cessé de les accumuler.
Maniant philosophie et théologie avec brio et légèreté, toujours avec cette dérision, cet humour acerbe et tendre malgré tout qui nous amène à sourire des réflexions de Dieu, finalement bien proche de sa création même s’il ne veut plus la reconnaitre.
Malgré son coté provocateur, son dédain manifeste, Dieu est malheureux, un peu comme un père qui ne comprendrait pas pourquoi son rejeton tourne mal et qui remettrait en cause son éducation.
Avec une écriture où les petits silences et les non dits sont comme des parenthèses lourdes de réflexion et de signification, avant d’être rompus par une réplique qui fait jaillir en deux mots l’humour de toute la page, Marc Dubuisson nous offre une nouvelle fois un album où l’humour le dispute à la réflexion.
Son dessin, en blanc sur fond noir, laisse la prose flotter en bulles légères, nous invitant à partager pour quelques instants une malicieuse irrévérence.

Par Olivier, le 9 juin 2010

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