MORT DE STALINE (LA)
Funérailles

A la suite de l’annonce officielle du décès de Staline, les membres du Politburo se sont réunis en conclave afin de procéder à la nouvelle répartition des portefeuilles ministériels. Après avoir récupéré perfidement l’appui de Molotov, le ministre des affaires étrangères, et bénéficiant du soutien ouvert de Malenkov, l’ancien Ministre de l’Intérieur Lavrenti Beria appuie de tout son poids dans l’adoption du nouvel organigramme, un organigramme très recentré qui se veut des plus favorables pour le sinistre personnage. Fort de la mise en place du nouveau gouvernement qui a décidé, malgré l’insistance du Maréchal Joukov, de ne pas toucher pas à l’intégrité du fils maléfique de Staline, il est décidé d’organiser les funérailles de l’ancien dictateur. Ce sera Khrouchtchev qui, écarté du pouvoir, s’en occupera. L’hommage qui s’ensuit va devenir le théâtre d’exactions multiples, dont certaines sanglantes, synonymes d’une nation en pleine décrépitude, qui vont conduire à la destitution du ténébreux Beria.

 

Par phibes, le 24 mai 2012

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Notre avis sur MORT DE STALINE (LA) #2 – Funérailles

Funérailles annonce la clôture du diptyque historique sulfureux réalisé par un Fabien Nury fortement aiguisé. Avec cet épisode, l’auteur nous replonge dans les ambiances despotiques post-staliniennes de partage du pouvoir qu’il a su initier précédemment et poursuit ainsi son évocation particulière sur le parcours sombre et ambitieux de Lavrenti Beria, l’ancien Ministre de l’Intérieur.

A n’en pas douter, le cynisme ambiant de la première heure reste toujours de mise dans cet opus. Fabien Nury s’attache encore une fois à marquer les esprits en narrant dans une forme acidifiante les tergiversations effrayantes des hauts membres du Politburo, avides de pouvoirs, dans leurs discussions unilatérales mêlées d’agressivité, de compromissions outrancières et de manœuvres d’intimidation à peine dissimulées. L’histoire touche évidemment par son côté tragique, malheureusement proche de la réalité que l’artiste a su assimiler avec intelligence et restituer, au moyen de personnages réels souvent inquiétants et de faits proches de l’horreur, sous la forme d’une vision si absurde, si grinçante qu’elle en appelle subtilement au sourire.

De son côté, Thierry Robin fait un parcours remarquable. Le dessin caricatural qu’il réalise dans des encrages ô combien sombres et oppressants appuyés par une colorisation froide et un sens du découpage adapté, conserve une démesure psychologique noire qui se cale à merveille avec la thématique du scénariste. Dégingandés et massifs, ses personnages bénéficient d’une expressivité grandguignolesque qui peut donner la chair de poule, trahissant ainsi leur état d’esprit excessif proche d’une certaine folie.

Un excellent ouvrage qui clôture un non moins excellent diptyque sur fond de totalitarisme, acide, aux sous-entendus habiles et qui fait froid dans le dos.

 

Par Phibes, le 24 mai 2012

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