GRANDE GUERRE DE CHARLIE (LA)
Volume 1

(Du 2 juin au 1er aout 1916)
Charlie Bourne est un jeune anglais de 16 ans qui décide de s’engager, quitte à mentir sur son âge ! Aussitôt il rejoint les troupes qui sont envoyées dans la Somme en prévision d’une grosse offensive ennemie. Très vite la réalité des tranchées oblige le jeune homme à ne plus se faire d’illusion, non seulement les allemands sont exactement dans la même situation que les anglais, aucune pitié dans les deux camps, mais surtout qu’il existe bel et bien un enfer sur Terre… Tandis que se profile déjà la fameuse bataille de la Somme du 1er Juillet 1916 qui fera près de 60000 morts parmi les anglais…

Par fredgri, le 13 décembre 2013

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Notre avis sur GRANDE GUERRE DE CHARLIE (LA) #1 – Volume 1

Entre 1979 et 1986, la série "Charley’s war" fera les beaux jours de Battle Action, un magazine anglais créé en 1975 par Pat Mills et John Wagner pour le compte d’IPC afin de concurrencer le magazine Warlord publié par D. C. Thomson.
Quand on demande, en 79, à Mills de créer une nouvelle série qui parlerait des tranchées, il pense tout de suite à Joe Colquhoun, un vétéran des comics anglais qui travaille justement sur "Johnny Red", une autre série de guerre qui remporte un grand succès populaire. Le principe est simple, raconter le quotidien d’un jeune anglais sur le front, au travers de ses échanges de courrier avec sa famille et la réalité du terrain. L’axe est réaliste, sans détour. On assiste à la dure réalité de cette guerre impitoyable ou de très nombreux soldats moururent pour assouvir les plans complètement insensés de leur hiérarchie !

Dès les premières pages, le jeune Charlie, bien que très naïf, démontre tout de même une incroyable volonté, avec du courage à revendre. Il se pose donc en héros modeste qui n’a rien de bien extraordinaire, si ce n’est son humanité et la volonté de survivre dans ce charnier quotidien. La vie est misérable dans les tranchées peuplées de rats qui se glissent partout, d’homme qui ont peur et d’inconscients qui se saoulent pour oublier. Ici, la guerre n’a rien de bien glorieux, c’est une boucherie perpétuelle dans laquelle les hommes ne sont ni plus ni moins de la chair à canon tout juste bon à s’entasser les uns sur les autres dans leur trou qu’on s’empresse de recouvrir de terre.
Mills met vraiment l’accent sur le côté implacable de ces combats, tout en amenant aussi le fait qu’en fin de compte les allemands ne sont pas très différents des anglais. Malgré tout, petit à petit, se glisse de l’empathie pour ces pauvres bougres tout juste bons à se faire massacrer.

On est très vite marqué par la dureté de ces histoires, par cette fatalité qui les emporte tous, néanmoins, Mills y ajoute par-ci par-là des éléments plus légers (comme les extraits de lettres qui s’échangent entre Charlie et sa famille, en complet décalage avec la réalité de la guerre que vit Charlie, qui le cache à sa famille pour ne pas les faire paniquer, préférant parler de sa douce écharpe de laine, des jolies cartes que lui envoie sa mère, que des combats sanguinaires !), histoire de détendre l’atmosphère.
Toutefois jamais cette guerre ne se banalise vraiment au travers de ces planches. A tout moment on est marqué par la tension, la peur qui est le quotidien de ces hommes. Il faut dire que le dessin de Joe Colquhoun est extraordinaire de précision et d’expressivité. C’est précis et très vivant, la crasse, la boue, la vermine et les explosions sont représentées dans leur vérité la plus crue, sans effets de style, sans esthétisme racoleur. Et c’est une vraie réussite. Le dessin est en grande partie responsable du succès de cette série !

Les éditions Delirium nous proposent donc cette traduction exceptionnelle, agrémentée d’un long texte introductif très instructif, ainsi que de commentaires finaux de Mills et d’un article qui resitue la bataille de la Somme… !

Vous l’aurez compris, on ne ressort pas de cette lecture complètement indifférent !
Pour amateur avisé !

Par FredGri, le 13 décembre 2013

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