GRANDE EVASION (LA)
Tunnel 57

Dans le Berlin Ouest de 1964, trois jeunes étudiants circulent de nuit à bord d’un van pour se garer non loin d’une ancienne boulangerie sise au 97 de la Bernauer Straße. A patte de velours, ils forcent la serrure de la demeure abandonnée et descendent dans son sous-sol avec une intention bien précise, celle de marquer l’emplacement de leur futur projet. Quel est-il réellement ? Il suffit de revenir sept mois auparavant, lorsque Tobias trouve le moyen de retrouver sa sœur Hanna et ses parents restés en RDA après la construction du mur frontière. Cette courte visite qu’il leur rend avec son ami Mathias lui donne l’envie de les soutirer de leur situation peu reluisante. Aussi, après avoir recherché l’appui de quelques amis et trouvé l’endroit idéal, il se décide à creuser un tunnel sous le fameux mur construit trois ans plus tôt pour rapatrier ses proches ainsi qu’un certain nombre d’autres personnes. La tâche est immense et le risque est gros. Parviendront-ils au terme de leur projet sans coup férir ?

Par phibes, le 27 janvier 2014

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Notre avis sur GRANDE EVASION (LA) #6 – Tunnel 57

Comme prévu à l’origine par les Editions Delcourt et par le responsable de cette série-concept à savoir David Chauvel, le sixième récit "à haute détention" est enfin disponible malgré toutefois un petit retard de 5 mois sur l’échéancier d’origine. Animé par le scénariste Olivier Jouvray (Lincoln, Majipoor, Au royaume des aveugles…) et mis en image par le dessinateur Nicolas Brachet (199 combats), cet ouvrage complet est l’occasion de découvrir, conformément au thème de la saga, une épopée ayant trait à une évasion tout à fait exceptionnelle.

L’histoire contée bénéficie d’une approche particulièrement intéressante par le fait qu’elle repose sur des faits authentiques (l’histoire des 57 rapatriés) qui ont eu lieu dans la capitale allemande au temps où celle-ci était partagée en plusieurs secteurs et subissait de plein fouet la Guerre Froide. Plus précisément, elle se rattache à raconter les péripéties d’un petit groupe d’étudiants de l’Allemagne de l’Ouest ayant organisé l’exfiltration de résidents en RDA en passant sous les palissades en béton, dans des lieux ayant réellement existés, ce qui soi, donne une connotation plus vibrante.

Le récit est en lui-même des plus prenants grâce à cette évocation, un tantinet dramatique, peu violente et humainement très sensible que le scénariste affectionne tout particulièrement (Kia Ora…). Exit les héros à l’égo surdimensionné, les effets spéciaux tapageurs, Olivier Jouvray préfère gérer des gens communs, ici dans un projet certes d’envergure mais qui s’inscrit dans des proportions très réalistes. Plus précisément, via une évocation simple et efficace, il nous sensibilise à l’émoi de Tobias et à son projet charitable, à l’adhésion de ses camarades, à la préparation de ce dernier et à son exécution dans des efforts dispensant une bonne petite tension ambiante.

Pour son deuxième album grand public, Nicolas Brachet peut se vanter d’avoir réussi l’illustration de l’équipée de Tobias. Grâce à un crayonné doucereux et très bien ajusté, légèrement vieilli, cet artiste parvient à recréer les ambiances des années 60, en représentant (à force de documentation) des extérieurs historiques de Berlin englués dans la Guerre Froide et également des personnages généreusement convaincants. On lui saura gré des efforts fournis sur le jeu de ces derniers, authentiques dans leurs expressions, leurs attitudes. Pareillement, on saluera la prestation d’Anne-Claire Jouvray qui se veut en parfaite osmose avec celle du dessinateur et qui donne à l’ensemble une très belle impression.

Une bien belle histoire d’évasion aux accents sincères, qui a l’avantage de développer un côté honorifique fortement agréable et qui est à porter à l’actif des trois auteurs.

Par Phibes, le 27 janvier 2014

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