La flamme

En 1903, à Buenos Aires, dans les faubourgs d’Avellaneda, Manuela donne naissance à José, l’enfant qu’elle a conçu avec Antonio Gonzales. Ce dernier, rouquin de son état, ouvre les yeux au moment où l’emplacement du futur stade de foot est décidé par son président. Dix ans plus tard, José se révèle très adroit de ses pieds au grand dam de son père qui souhaiterait qu’il étudie d’avantage. Le jour où il assiste en spectateur à une rencontre sportive, c’est la révélation pour le garçon. En 1928, José fait ses débuts en tant que footballeur et obtient le surnom de la Flamme à cause de la couleur rousse de sa chevelure. En 1938, il a gravi les échelons et se retrouve en poste au Racing. Là, il fait le bonheur de ses nombreux fans grâce à sa technique particulière du ciseau mais requiert peu d’enthousiasme de son père. Quinze ans plus tard, José travaille dans un ministère et a un enfant, Jorge, auquel il lui a transmis son penchant pour le foot. Mais ce dernier est peu réceptif à ce jeu collectif, préférant ses études d’architecture. Est-ce que la descendance de José se détournerait complètement de la grande passion footballistique qui fut celle de son père ?

Par phibes, le 22 mai 2020

Publicité

Notre avis sur La flamme

Après Chère Patagonie et Retour au Kosovo, l’artiste argentin Jorge González retrouve la collection Aire Libre de chez Dupuis pour nous livrer un roman autobiographique des plus copieux et empli de souvenirs personnels.

Eu égard au titre énigmatique de cette œuvre, l’auteur fait une introspective de plus d’un siècle dans le passé familial pour justement nous faire découvrir que la flamme en question est un surnom donné à son grand-père, José, surnom qu’il a su gagner par sa chevelure rousse et en creusant son illustre place dans le milieu du football argentin. Via cette consécration sportive et l’impact de celle-ci sur sa famille, il vient nous interpeller sur la communication de nos valeurs, de nos passions à notre descendance.

Pour illustrer cette thématique pour le moins intimiste, Jorge González ouvre son album de famille à la naissance de José en Argentine et le clôture pratiquement de nos jours. Il ne fait aucun doute que l’artiste a souhaité faire cette évocation familiale d’une manière très personnelle, usant pour cela des bribes de souvenirs bien ciblés, selon une chronologie choisie et des tranches de vie qui génèrent une réelle mélancolie ambiante.

Parfois avec très peu de mots ou au contraire dans des échanges plus copieux, le message prend toute sa mesure, tantôt de façon abstraite, tantôt selon un discours plus réaliste. On perçoit une certaine inertie dans le déroulement, juste pour permettre au lecteur de bien se plonger dans la mémoire de l’auteur, d’en découvrir toute son étendue et de s’interroger sur ce qui se déroule devant ces yeux. Il va de soi que le style narratif abscons peut être pour certain insaisissable et pour d’autres, qui ont le bonheur d’en saisir la teneur, un véritable joyau honorifique.

Pour illustrer ses souvenirs, Jorge González a souhaité se conforter dans ce style qui lui est propre, qui fait un mix de différentes pratiques picturales. A coups de pinceaux, de fusains, d’aplats de couleurs sombres, de vides vierges, de surimpressions, de photos anciennes modifiées…, l’artiste cherche des voies multiples pour exprimer son ressenti et marque inévitablement des points. Car son univers, totalement décousu et abstrait, donne un certain vertige et interpelle facilement.

Une œuvre très personnelle qui, de par sa pluralité artistique, suscite indubitablement de multiples émotions.

Par Phibes, le 22 mai 2020

Publicité