La femme du magicien

Au grand dam de ses proches, Edmond a abandonné ses études pour s’adonner à sa marotte, la magie. Des tours, il en connaît un rayon qu’il partage sous le jeu d’une séduction perfide avec sa partenaire Wednesday et la fille de cette dernière, Rita. Totalement sous l’emprise hypnotique du magicien, les deux femmes parcourent au fil des années les plus grandes scènes mondiales au gré d’un succès grandissant. Jusqu’au jour où Wednesday, mise à l’écart pour son physique vieillissant et remplacée par Rita devenue la femme légitime d’Edmond, est retrouvée morte. Le choc est terrible pour celle-ci qui, en plein désarroi, plaque l’artiste qu’elle rend responsable de cette déchéance. Une nouvelle vie, un nouveau départ lui est nécessaire mais l’empreinte indélébile d’Edmond et de son monde virtuel taquine sa conscience. Pourra-t-elle s’en défaire un jour ?

 

Par phibes, le 21 décembre 2010

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Notre avis sur La femme du magicien

Alors qu’à la sortie de cet ouvrage en 1986, il est à la tête de trois albums qui relèguent son univers au rang de la caricature et de l’humour décalé (Les pionniers de l’aventure humaine, Cornet d’humour et Pas de deo gratias pour Rock ma star), François Boucq repart sur un nouveau one-shot en association, cette fois-ci avec le romancier Jérôme Charyn.

Cette aventure casse quelque peu le mythe des histoires précédentes et de l’univers rocambolesque que Boucq avait mis sur pied. En effet, La femme du magicien vient d’un coup de baguette radical nous immerger dans un monde étrangement hors norme, où se mêlent réalité et fantasme, douceur magique et brutalité crue.

Par ce biais, Jérôme Charyn nous fait vivre, sentir la mainmise douloureuse d’un homme sur la destinée de deux femmes. Si le jeu des personnages est subtil, la manipulation est insidieuse, oppressante, méchante, sans scrupule et donne un goût amer dans la bouche. Le spectacle est garanti 100% décalé, fielleux avec ses allures dramatiques destabilisantes qui prennent la voie d’un thriller fantastique quand l’heure est à la révolte. Tout s’enchaîne d’une manière éclectique, dans un enchevêtrement de situations oniriques parfois complexes, qui font ressentir une sorte de mal être permanent.

Le graphisme de François Boucq correspond parfaitement à l’ambiance bizarre qu’a voulu instaurer le scénariste. Son style est, à lui tout seul, une représentation des plus forte. Si son trait est réellement délicat, le réalisme de son univers atteint un seuil de cruauté qu’il se plait à titiller grassement. Son soin du détail, agrémenté d’une colorisation très claire, prouve que les scènes parfois excessives mises en images sont censées secouer le lecteur et le plonger dans un malaise voulu.

Un ouvrage que certains apprécieront et que d’autres rejetteront. Dans tous les cas, un ouvrage qui indubitablement ne laissera pas insensible et qui reste, pour ma part, du grand Boucq et du grand Charyn.

 

Par Phibes, le 21 décembre 2010

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