La famille Fun

Au départ, la famille Fun a tout pour être heureuse, un couple qui s’aime et quatre enfants épanouis qui ne jurent que par leurs parents. Robert est illustrateur, il anime depuis quelques années un strip mettant en scène sa famille, cela marche très bien et tout roule.
Soudain, un coup de fil, la grand-mère vient de mourir… D’un coup, Robert tombe dans une dépression qui va complètement dissoudre le fragile équilibre qui tenait ce petit univers. La situation révèle un chef de famille démissionnaire et légèrement fétichiste qui du jour au lendemain ne s’investit plus et se déresponsabilise complètement. Quand sa femme, Marsha, découvre qu’il cache une collection de figurines en porcelaine dans les fondations, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Elle a de plus en plus de mal à accepter la situation avec ce mari qui s’éloigne d’elle irréductiblement… Elle demande alors le divorce.
Ils se partagent les enfants qui sont surtout les premières victimes de la situation…

Par fredgri, le 3 décembre 2017

Notre avis sur La famille Fun

Un album assez surprenant, je dois dire, car au premier abord on découvre un graphisme rose bonbon, assez « naïf » qui se révèle très vite parfait pour ce drame familial décalé ou d’un coup toute une réalité dérape.

Mais on sent bien que Benjamin Frisch ne s’intéresse fondamentalement pas à l’avant. Il brosse rapidement le portrait d’une famille outrancièrement idyllique, mais très vite y fait glisser une tension qui va progressivement tout détruire, avec un père de famille qui s’éteint devant nos yeux.

Les véritables personnages principaux sont d’une part le jeune Robby qui va devoir prendre la place de son père, en dessinant son strip, en gérant les petits détails du quotidien lui même, comme les transactions avec l’éditeur, les dépôts de chèques à la banque, les versements de pension pour sa mère ou tout simplement les tâches ménagères qu’il partage avec sa jeune sœur Molly qui vit, de son côté, une véritable crise spirituelle en s’imaginant voir le fantôme de sa grand-mère qui la guide vers l’église…
On suit aussi les déboires de Marsha qui ne se rend pas compte qu’elle se fait manipuler par son psy mal intentionné. Elle voit dans cette séparation l’opportunité de se redécouvrir, de vivre pleinement cette nouvelle liberté, quitte à en effet, de son côté, à mettre aussi les enfants de côté !

Drame tendu, une caricature complexe et profonde qui remet en cause l’image parfaite de cette société moderne qui veut s’abstraire des codes des générations précédentes, qui se découvre plus névrosée, plus ambiguë aussi.

Le scénario est réellement très intéressant, c’est juste qu’à un moment on est résolument trop dans l’exagération et ça a eu pour effet de me couper de ma lecture, même si les portraits restent plus subtils qu’il ne pourrait sembler au premier abord ! On a néanmoins de la peine pour le jeune Robby qui n’arrive plus à s’extirper de ce que les adultes lui imposent, un monde qu’il est encore trop jeune pour aborder…

Au final on a un album troublant dans ce qu’il révèle sur ses personnages, d’une part, mais aussi sur cette société en pleine rupture…

Pour les curieux !

Par FredGri, le 3 décembre 2017

Publicité