La disparition de Josef Mengele

Josef Mengele, médecin SS du camp d’Auschwitz, doit se résoudre à fuir l’Europe après la défaite du IIIème Reich. Se réfugiant en Amérique du Sud, et protégé par l’Argentine du dictateur Juan Perón, il va devoir par la suite se mettre en cavale, et va entamer une descente aux enfers.

Par v-degache, le 5 octobre 2022

Notre avis sur La disparition de Josef Mengele

Matz au scénario et Jörg Mailliet (Kessel, la naissance du lion, Les Arènes BD, 2022) au dessin signent l’adaptation du roman biographique de l’écrivain strasbourgeois Olivier Guez, La disparition de Josef Mengele (éditions Grasset, 2017), couronné en son temps du Prix Renaudot.
Véritable plongée dans la vie d’après-guerre du médecin d’Auschwitz-Birkenau spécialisé en tortures, pseudo expériences médicales et recherches sur la gémellité, l’ouvrage se concentre essentiellement sur la période qui voit le SS-Hauptsturmführer fuir ses crimes en Amérique latine, errant de planque en planque, traqué, et sombrant peu à peu dans la peur et la psychose.
Quelques courts flashbacks sur ses actes durant la deuxième guerre mondiale sont effectués, habilement insérés dans le récit par Matz.

Collusion entre les dictatures sud-américaines et les anciens nazis, difficultés de la dénazification en Allemagne entrevues lorsque que le scénario bascule sur la famille Mengele et ses problématiques pour gérer la firme familiale de technologie agricole depuis Günzburg en Bavière, Mengele Agrartechnik, tout en continuant son aide à distance à Josef, entêtement d’un homme convaincu jusqu’à sa mort de la justesse de ses convictions nazies et de la recherche d’une « race pure », cette adaptation éditée par Les Arènes BD est passionnante et se lit d’une traite, rendant un bel hommage à l’œuvre originelle signée O. Guez.
Le cheminement du criminel contre l’humanité est superbement mis en image dans cette adaptation, de l’insouciance des bordels de Buenos Aires dans l’Argentine de Perón, où se retrouvent nombre d’ex-nazis, à la descente aux enfers à São Paulo.
Quant au dessin de Jörg Mailliet, on peut affirmer sans sourciller et en toute objectivité, qu’il sert pleinement les propos des auteurs, avec ce semi-réalisme qui permet de torturer corps et visages lorsque cela est nécessaire, et de revenir à un trait plus classique si besoin, le tout bien mis en couleur par Sandra Desmazières, ce qui permet notamment de ressentir cette oppression climatique qui participe à faire basculer Mengele dans la folie.

Si l’on est parfois perplexe devant certaines adaptations de romans en BD, il faut bien avouer que La disparition de Josef Mengele est une réussite, et gageons qu’Olivier Guez lui-même reconnaitra l’apport de celle-ci à son excellent livre !

Par V. DEGACHE, le 5 octobre 2022

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