La désobéissance d'Andreas Kuppler

Andreas Kuppler, journaliste sportif renommé, couvre les Jeux Olympiques d’Hiver à Garmisch-Partenkirchen. L’heure est à la méfiance dans une société de plus en plus verrouillée par les nazis. Mais Kuppler profite de ces Jeux et des rencontres avec ses collègues d’autres pays.

Il n’a pas encore conscience que son manque d’enthousiasme pour le régime d’Hitler, ainsi que ses fréquentations, jugées douteuses par la Gestapo, vont très bientôt lui poser des problèmes.

Par legoffe, le 28 octobre 2020

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Notre avis sur La désobéissance d’Andreas Kuppler

Ambiance sombre et pesante dans cette bande dessinée adaptée du roman de Michel Goujon.

L’un des grands intérêts du livre est d’aborder la montée du nazisme sous le prisme de la vie d’Allemands qui ne sont pas les cibles directes des stratégies d’épuration du régime national-socialiste. Kuppler et sa famille ne sont ni juifs, ni membres d’un mouvement politique d’opposition.

Or, trois ans après la prise de pouvoir d’Adolf Hitler, quel est l’état d’esprit des citoyens allemands, baignés des actions spectaculaires des nazis, d’une intense propagande et d’une pression quotidienne des soldats et de la gestapo, qui veillent à entretenir le culte du Führer ?

Pour mieux saisir ce climat, les auteurs décrivent les questionnements et les tiraillements du couple Kuppler, qui bat de l’aile depuis quelques temps. La pression familiale, amicale ou professionnelle vient perturber un peu plus ces personnages. Madame Kuppler semble plutôt ouverte au régime nazi. Son mari, au contraire, ouvre de plus en plus les yeux sur la nature de ce pouvoir dictatorial.

Le récit navigue entre l’année 1936 et quelques flash-backs, afin de bien montrer l’évolution de la situation.
L’approche fonctionne efficacement grâce à un scénario maîtrisé de bout en bout. Il faut dire que Corbeyran n’est pas un nouveau venu ! Il parvient à bien accrocher le lecteur grâce à une histoire rythmée et un suspense entretenu jusqu’à la fin.

L’exercice a toutefois ses limites. Difficile, en une centaine de planches, de retranscrire de façon poussée les épreuves et les antagonismes des acteurs de ce drame, et tout ce que raconte le roman de Goujon. J’ai eu, disons-le, le sentiment, en lisant la BD, qu’il manquait des échanges, des points de vues. Tout ce processus est présenté à travers de grands moments clés, mais qui restent traités de manière souvent partielle.

Le style graphique très particulier de Manuel Garcia accompagne parfaitement le récit. La couleur noire est omniprésente dans les planches. Il joue beaucoup sur les ombres pour installer ce climat inquiétant. C’est très efficace.

Voilà donc un album intéressant, qui permet de toucher du doigt la fragilité de la pensée individuelle face au tsunami de la pensée totalitaire. Elle n’est pas qu’un sujet passé et reste toujours d’actualité, rappelant qu’une société peut vite basculer de la démocratie à la dictature si l’on y prend pas garde. Raisonner, prendre du recul, et surtout ne pas adopter de façon simpliste la pensée des autres… Un sujet à méditer à l’heure où l’influence des réseaux sociaux atteint des sommets.

Par Legoffe, le 28 octobre 2020

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