CONQUETE DE MARS (LA)
Germania

A l’instar des premiers pas de Neil Armonstrong sur la Lune, le Monde entier avait les yeux fixés sur l’écran de télévision pour suivre, en ce 21 juillet 2029, les premiers pas de l’Homme sur Mars. C’est l’asiatique Makélélé Chow qui fut l’heureux élu choisi pour descendre le premier. Il ne savait pas combien il avait de la chance car, quelques instants plus tard, son vaisseau fut pulvérisé par une explosion atomique. Mais ce n’était pas la seule surprise qui attendait les Terriens ! Devant Makélélé s’étendait une immense cité portant l’étendard nazi. Et l’horreur fut soudain à son comble lorsque les téléspectateurs aperçurent un astronaute, ressemblant comme deux gouttes d’eau à Adolf Hitler avançant vers Makélélé, l’air menaçant. Ce furent les dernières images reçues de l’expédition.

Pour le président des USA, Lloyd Lee (premier président américain d’origine chinoise), la situation était aussi claire que dramatique. Les nazis maîtrisaient la bombe nucléaire et leur retour sur Terre n’était plus qu’une question de temps. Il fallait préparer la riposte sans plus attendre.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur CONQUETE DE MARS (LA) #2 – Germania

Grégory Jarry et Otto T. avaient frappé fort avec le premier tome de La Conquête de Mars, revisitant l’histoire du troisième Reich et celle de la conquête de l’Espace. Après le passé, ils nous propulsent dans le futur et nous font découvrir ce qui s’est passé une fois les nazis arrivés sur Mars en 1946.

La méthode ne change pas : un livre et trois grands chapitres racontés par trois personnes différentes. Il s’agit cette fois de Lloyd Lee (le président américain), Leni Riefenstahl (la cinéaste officielle de Hitler) et Makélélé Chow (le cosmonaute).

Le premier livre était déjà étonnant, mais le second est plus original encore. Les auteurs, cette fois, n’avaient absolument plus rien pour les retenir, les derniers pans de l’Histoire étant tombés au cours du précédent tome. Ils nous livrent ainsi un véritable récit d’anticipation et de science-fiction, tout en gardant le concept original qui leur va si bien, à savoir un humour décalé tant dans le texte que dans les dessins.

En effet, si les deux compères débordent d’imagination pour dresser la toile de fond d’une installation nazie sur Mars, ils en profitent surtout pour faire passer quelques messages forts. L’humour est bien au service des idées et les thèmes ne manquent pas, surtout dans la première moitié du livre.

L’un des thèmes forts reste la manipulation des masses à travers la propagande. Discours enflammés des politiques et images truquées viennent parler à un public bien mûr qui se laisse porter en perdant toute lucidité. Une recette éprouvée mais qui, hélas, fonctionne toujours aussi bien.

Les gouvernants du futur n’ont donc rien inventé. Outre la maîtrise de l’information, il est aussi question de soldats allant massacrer au nom de la démocratie, d’arme nucléaire ou de justice manipulée. Bref, tout ça sent la science-fiction, n’est-ce pas ?

Les médias en prennent évidemment, eux aussi, un coup. Outre les manipulations gouvernementales, les bêtises de la téléréalité semblent toujours faire recette en 2029. Espérons que les auteurs ne soient pas trop clairvoyants ! Idem pour l’invasion des marques publicitaires partout où elles le peuvent (excellent passage où les scientifiques sont rapidement remplacés par des sponsors lors des débats sur la mission de sauvetage de Mars).

Les auteurs s’amusent donc beaucoup, utilisant le récit de science-fiction pour prendre le lecteur à contrepied, bousculant les idées reçues et appelant chacun à prendre du recul par rapport au monde qui l’entoure. Les clins d’œil sont nombreux (Le Dictateur de Chaplin, la Bible, avec un parallèle osé, etc), faisant de cette lecture une distraction doublé d’un livre intelligemment construit. On notera juste un petit essoufflement dans la dernière partie et, notamment, une moins grande inspiration du dessinateur pour illustrer de manière corrosive les propos de son acolyte.

Avec ce diptyque, Jarry et Otto T. ne nous proposent pas un simple récit d’anticipation, mais une histoire caustique et critique sur nos sociétés, sur la fragilité des démocraties… Ils brisent ainsi le rêve spatial sur l’autel de l’égoïsme et l’avidité des hommes. Une réussite !

Par Legoffe, le 15 février 2009

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