COMPLAINTE DES LANDES PERDUES (LA)
Intégrale cycle 1

Cette intégrale regroupe les quatres premiers tomes :
(1) Sioban
(2) Blackmore
(3) Dame Gerfaut
(4) Kyle of Klanach

Par melville, le 24 juin 2012

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Notre avis sur COMPLAINTE DES LANDES PERDUES (LA) # – Intégrale cycle 1

Au fil des quatre premiers tomes – composant les deux premiers cycles des Complaintes de Landes perdues scénarisés et dessinés par le tandem Dufaux/Rosinski – le récit se place comme le pendant « sérieux » – et empesé, j’y reviendrais – de sagas résolument plus fantaisistes telles que Les Chroniques de la Lune noire ou encore La Quête de l’Oiseau du temps. Jean Dufaux, scénariste prolifique, est connu pour son attrait pour les contes et les mythes dont il en phagocyte les codes afin de les remodeler en accord avec ses obsessions : l’amour, l’érotisme, le sexe.

Si aujourd’hui en relisant La Quête de l’Oiseau du temps on se réjouir de la dimension sexuée des personnages, on peut émettre une certaine réserve quand au machisme ambiant qui y règne. Rien de cela avec La Complainte des Landes perdues où son héroïne (ceci étant peut-être à mettre sur le compte des dix années qui séparent les premiers tomes des deux séries) est animée par une fougue féministe enthousiasmante. Les personnages – bien que trop souvent réduits à une existence en tant qu’archétypes – représentent certainement le réel point fort de la saga. Ou pour être plus précis : les relations qu’ils entretiennent. Dommage que la maigreur du scénario (qui se délite notamment au cycle II qui devient par moment ouvertement grotesque) ne puisse épauler cette veine shakespearienne naissante. En lieu et place d’une ampleur dramatique, Dufaux se contente d’un propos pseudo-philosophique. Incarnation de cette grandiloquence embarrassante la phrase « l’amour est au cœur du mal » reprise à tout va ; et comme la démonstration de son absence de sens, son exact opposé est prononcé avec tout autant d’emphase, car au final comme en conclue l’un des personnage ce n’est pas l’amour qui est cœur du mal mais bien « le mal qui est au cœur de l’amour »…

Ajoutons à cela un non sens du rythme dans l’écriture scénaristique qui gâche la toile de fond d’un Moyen-Âge mystique fantasmé avec une certaine élégance – fruit notamment du beau travail de Rosinski sur les différentes atmosphères qu’il distille tout au long du récit. Erigé par certains au rang de classique incontournable de la bande dessinée, ces deux premiers cycles de La Complainte des Landes perdues ne me semblent pas être à la hauteur de leur titre.

Par melville, le 24 juin 2012

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