La compagnie des cochons

A cultiver à la fois des amitiés chez ses pairs bamakois, ce qui est tout ce qu’il y a de plus naturel, et à la fois chez la communauté blanche des expatriés, ce qui a priori n’est en rien répréhensible, Sidibé attire cependant à lui des rancœurs de la part de certains représentants des uns et des autres.

Photographe de métier parce qu’un jour il a eu en mains un appareil, mais aussi, depuis, parce qu’on lui a reconnu du talent, Sidibé immortalise sur ses pellicules la vie de la capitale malienne qu’il connaît comme sa poche.

Avec ses photos et les expositions qu’il monte, il aide à l’occasion ses amis handicapés en rassemblant des fonds pour leur payer des fauteuils roulants. Dans un autre registre, il est aussi de temps à autre en rapport avec la police qui lui demande plus ou moins officiellement de suivre des gens et d’en rapporter des clichés…

Ainsi Sidibé a dans ses cartons des photos qui font le bonheur des uns, mais également certaines avec lesquelles il sait qu’il peut faire chanter untel ou untel. Ce pouvoir qu’il a acquis aux yeux des gens accentue le malaise qu’il vit, comme perdu entre les différentes communautés qu’il côtoie…
 

Par sylvestre, le 11 septembre 2009

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Notre avis sur La compagnie des cochons

 
Sur 88 planches dessinées et colorisées de superbe manière, La compagnie des cochons nous conduit à Bamako, la capitale du Mali, et nous la fait découvrir en partie en nous présentant différents personnages. Ils sont tous intéressants, et en particulier Sidibé, le héros, à qui l’auteur Arnaud Floc’h a mis un appareil photo dans les mains, ce qui lui donne une sorte de "super-pouvoir normal", lui qui a déjà un statut de griot qui n’est pas insignifiant pour le regard des autres.

La compagnie des cochons est à la fois une chronique de la vie quotidienne en Afrique de l’Ouest avec laquelle on découvre une ville, ses ambiances, et le genre de personnes qui y vivent, une chronique qui évoque aussi la réalité de la pauvreté et de la corruption. C’est également une sorte de polar, de récit d’espionnage "à l’africaine"…

L’image a une grande importance dans le récit. D’abord, parce qu’on est dans une bande dessinée ; forcément… Ensuite, parce que Sidibé a un rapport direct à l’image de par son activité de photographe, et parce que ses clichés sont tour à tour preuves qu’il faut montrer, ou preuves qu’il faut cacher. La couleur est tout aussi importante. Pour appuyer les ambiances des visuels, d’une part, et d’autre part parce que l’auteur ne pouvait pas passer à côté des relations de cohabitation entre Africains et Blancs expatriés. On observe d’ailleurs qu’il joue un peu sur les couleurs de peaux : certains Blancs à la peau halée peuvent parfois être pris pour des Noirs, et il y a par exemple aussi ce policier albinos…

Ajoutez à cela une histoire d’amour un peu spéciale, des mensonges et deux accidents qui vont venir remuer tout ce petit monde, Noirs et Blancs… Vous aurez alors bien plus qu’un simple récit contemplatif, mais bel et bien une aventure avec enjeux et rebondissements !

Je ne vous en dis pas plus… La compagnie des cochons est une superbe découverte à faire, dans la collection Mirages des éditions Delcourt. Un grand bravo à l’auteur !
 

Par Sylvestre, le 11 septembre 2009

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