CHENUE (LA)
La Chenue

Depuis qu’elle a perdu le Mâcheu, son mari, la Chenue n’a plus toute sa raison. Du haut de son grand âge, elle attend patiemment que la mort l’emporte. Mais pas trop tôt car elle aspire, lors de ses moments de clairvoyance, à une vengeance qui ne va pas tarder à se déclarer. D’ailleurs, chez les Lorey, il y a du rififi car pour la deuxième fois, Louis a reçu une lettre d’injures qui incrimine son fils Christophe. Qui peut être à l’origine de ces propos diffamatoires et pourquoi se focaliser sur le pauvre et inoffensif Christophe dont le seul écart est de fricotter gentiment avec Caroline, l’arrière petite fille de la Chenue ? Les deux jeunes gens, au fil de leur idylle, vont tenter de découvrir ce qui se passe derrière l’intervention de l’énigmatique corbeau. Pour cela, il va leur falloir soulever un pan du passé de leur famille respective et de fait, déterrer un secret des plus terribles.

Par phibes, le 25 février 2013

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Notre avis sur CHENUE (LA) # – La Chenue

Les éditions vents d’Ouest mettent à l’honneur une histoire complète qui fleure bon la France profonde, une histoire paysanne non dénuée d’accents dramatiques concoctée par Didier Convard au début de sa carrière d’auteur et offerte à Jean-Blaise Djian et Sébastien Corbet pour être adaptée en bande dessinée.

Avec La Chenue, le cadre bucolique et enchanteur inhérent à la campagne s’efface au profit d’une intrigue particulièrement insidieuse tournant autour de deux familles rurales d’une petite bourgade viticole imaginaire. Initiée par celle qui a donnée son surnom à l’album au travers des envies de représailles, l’histoire est appelée à se développer autour d’un mystérieux diffamateur et de ses lettres anonymes. Fort de cette entrée en matière appétissante, le lecteur se doit de découvrir le pourquoi d’une telle chose et par ce biais, à découvrir le secret terrible qui se cache derrière de tels agissements parfois mortels.

L’intérêt de cette histoire structurée en 6 chapitres repose évidemment sur le jeu subtil des personnages qui y déambulent de près ou de très loin. Grâce à une arborescence familiale plutôt complexe, Jean-Blaise Djian nous présente chaque intervenant, dans des apparitions calculées. Il nous offre l’occasion d’apprécier leurs caractères plus ou moins rugueux, de les juger sur leurs expressions, en intégrant leurs pensées les plus intimes, leurs silences profonds et malsains, leurs explications à demi-mot, leurs sous-entendus mystérieux… Pour faire le lien entre eux et pour nous aider à dissiper le trouble induit, on découvre Caroline et Christophe, deux fringants tourtereaux qui profitent des vacances estivales pour partager des sentiments et surtout pour engager une enquête sur ce qui se trame.

Côté graphique, Sébastien Corbet qui a déjà œuvré avec Jean-Blaise Djian dans Les grandes enquêtes des p’tits Philous représente avec beaucoup de sensibilité l’univers paysan. Le dessin qu’il nous livre, conforme à celui exécuté dans son autre série Fanch Karadec, est particulièrement plaisant à parcourir. Bénéficiant d’un encrage correspondant à une sorte de crayonné appuyé et mis en valeur par la colorisation non agressive de Stéphane Heurteau, son ensemble pictural est humainement convaincant. Si ses décors reflètent la ruralité profonde, ses protagonistes se dévoilent au gré d’une expressivité finement ciselée, dans un éventail de caractères assurément bien étudiés.

Une remarquable histoire particulièrement douloureuse et un tantinet emberlificotée qui tend à nous faire dire qu’il aurait été vraiment dommage que Didier Convard la laisse dans ses tiroirs.

Par Phibes, le 25 février 2013

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