La boussole

Dan, jeune étudiant assez libertin, a un don et pas des moindres. En effet, il a la possibilité de ressentir la douleur, le désarroi, la détresse d’autrui. Cette prédisposition hors du commun se traduit par des stigmates souvent ensanglantés, des éruptions intempestives de plaies qui se forment sur son corps et qui évidemment le font souffrir physiquement. Aussi, il a mis à la disposition de ses amis de la police, Mal’ et Patrick, ses étranges aptitudes en les aidant dans des enquêtes d’enlèvements ou de disparitions. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’ils le surnomment la boussole, car sa perception exceptionnelle leur permet d’orienter leurs investigations.

 

Par phibes, le 5 janvier 2011

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur La boussole

Séverine Lambour et Benoît Springer est un duo d’auteurs qui, on le concèdera bien volontiers, réalise un parcours des plus frappants quant la thématique dont ils font l’usage qui est certes variée mais également d’une force émotionnelle impressionnante. Après l’amer récit On me l’a enlevé réalisé début 2010, les deux artistes repartent dans une nouvelle histoire complète (on leur en sait gré) qui confirme la volonté de ces derniers de traiter de sujets de société difficiles et assez cruels.

Avec cet ouvrage bien fourni, le lecteur est soumis à la dure réalité des rapts et des disparitions de personnes. L’histoire se décompose presque classiquement en trois enquêtes policières superbement montées et à l’intrigue oppressante, menées par deux policiers, un homme et une femme (Mal’ et Patrick). Mais ce n’est pas tout et c’est là que la magie Lambour opère. Cette dernière y intègre son personnage clé, le jeune Dan, qui va tirer à lui l’aventure en dévoilant ses aptitudes extraordinaires face au désarroi des victimes.

Dès les premières pages, la surprise est de mise et se poursuit jusqu’à la fin du premier chapitre. Les prédispositions phénoménales de Dan intriguent, suscitent un questionnement sur les orientations réelles de l’histoire et sur les stigmates dont il est porteur. Par la suite, on se prend au jeu de ses apparitions corporelles pour tenter de comprendre les fondements des affaires auxquelles il est associé. Le jeu de ce personnage atypique est captivant, voire interloquant. Sa souffrance est communicative et sa volonté d’aider son prochain, sa sensibilité sont confondantes.

Benoît Springer nous habitue à son trait tout en simplicité et d’une grande force de persuasion. Son univers, au demeurant sans fioritures et sans recherche excessive au niveau des reliefs et des couleurs, va à l’essentiel et porte avec justesse les ambiances souhaitées par la scénariste. Si son dessin peut se révéler d’une grande délicatesse, il peut, d’un tour de main bien assuré et sans mise en garde, prendre à contrepied le lecteur en se faisant l’écho d’une violence extrême. Cette double évocation rend inévitablement l’histoire plus passionnante et lui faire prendre des directions insoupçonnables.

Un one-shot de la collection Quadrants Boussole, à la hauteur de nos espérances, auréolé d’authenticité, tragique, surprenant et non dénué de sensibilité et d’espoir.

 

Par Phibes, le 5 janvier 2011

Publicité