La bibliothèque est ma maison, et autres histoires

En ce moment, et ce depuis tellement longtemps déjà, la question du pauvre, de sa place dans la société, est au cœur du débat démocratique, à grand renfort d’idées fausses, de stigmatisation galopante. Une douzaine d’artistes se sont donc rassemblés pour rétablir un peu les choses et tenter de réhabiliter l’image de ce vilain petit canard que l’on montre un peu trop du bout du doigt !

Par fredgri, le 2 mai 2017

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Notre avis sur La bibliothèque est ma maison, et autres histoires

Dans la communication moderne, pour bien détourner le regard des vrais problèmes, de ce qui ronge réellement la société, il est important d’avoir un bouc émissaire tout trouvé, le réceptacle de toutes les tares qui gangrènent notre société. Petit à petit, on ne parle donc plus d’hommes et de femmes, mais de "pauvres" qui deviennent progressivement des "assistés", des "fraudeurs", voir même des "profiteurs" qui se goinfrent avec l’argent public…
Parce qu’on le sait bien, les gens appréhendent leurs voisins en fonction de leurs revenus. Ce qui rend le "pauvre" assez peu fréquentable, une sous entité bâtarde qui est certainement sous cultivée, qui pond des enfants à la pelle pour avoir des allocations, qui vit comme un pacha avec le RSA, tout en bénéficiant de la CMU… Et le cliché grossier enfle avec des tableaux comparatifs complètement délirants ou l’on démontre qu’une famille au RSA "gagne" largement plus qu’une même famille avec un boulot…
Et il y en a plein d’autres comme ça !
C’est ça le pire !

Il n’est donc plus question d’aller aider "nos" pauvres, mais bel et bien de dénoncer une "imposture".
Cela commence déjà par les discours devant les enfants, cette image déformée qu’on leur dessine, qu’il est très important de nuancer, mais surtout de ré-humaniser à tout prix.
Car, ce qu’il ne faut surtout pas oublier c’est la réalité qui se cache derrière ces portraits, la détresse, l’usure, et pourquoi pas même l’absurde le plus… Perturbant !

Les auteurs de cet album ont donc décidé de se mobiliser au travers de quelques pages qui reviennent sur les principales "fausses vérités" qui viennent régulièrement émailler les discussions qui émergent deçi delà… On parle alors (dans l’ordre) des "Pauvres sont des profiteurs et des voleurs", "Il vaut mieux un petit travail que pas de travail du tout", "Les Roms ne veulent pas s’intégrer", "Il n’est pas si compliqué d’accéder à ses droits", "Les pauvres s’en sortiraient s’ils savaient gérer un budget", "On ne vit pas trop mal avec un RSA", "Les pauvres polluent et ne s’intéressent pas à l’écologie", "Les pauvres sont des fraudeurs", "Les enfants pauvres sont moins aptes que les autres à l’école", "Les pauvres font des enfants pour toucher les aides", "Les pauvres font tout pour toucher des aides" et "Les pauvres n’ont pas besoin de culture"… On peut voir que les sujets traités brassent loin…

La démarche est vraiment très intéressante, d’autant qu’il y a quand même un auteur comme Tito qui a traité ces sujets en long et en large dans ses albums, c’est un formidable gage de qualité (sans oublier la magnifique couverture de Louise Joor)… Cependant, le reste est très inégale, et souvent traité de façon assez succincte, sans trop d’émotion (ça n’est pas une généralité, car il reste des récits très touchants, comme "Bras de fer" (Newman/Esteban), Portrait de dame au miroir avec RSA" (Newman/Dubois), "La ballade de Pinocchio" (Newman/Glasser) ou même "La bibliothèque, c’est ma maison" (Newman/Lieffroy) ), ce qui créé une sorte de distance avec certaines histoires, ce qui peut justement être dommage avec les thématiques traitées !!!

Malgré tout, le message est assez clair globalement. Il est important d’ouvrir les yeux, de regarder les choses plutôt que de les fantasmer. Derrières ces hommes, ces femmes, ces enfants se dresse une réalité sociale qui est loin de ces clichés que l’on prend un peu trop souvent comme argent comptant au lieu de lever le nez !

Un album qu’il est bon, donc, de partager, de commenter, de transmettre…

Par FredGri, le 2 mai 2017

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