La bibliothécaire d'Auschwitz

 
La petite Dita a compté parmi les "chanceux" qui, à Auschwitz, ont été affectés dans une section où les familles n’étaient pas séparées, où les crânes n’étaient pas rasés et où chacun pouvait garder ses vêtements. La "Section BIIb" était en effet la partie du camp que les nazis montraient aux éventuels observateurs extérieurs. Il fallait donc que les "pensionnaires" y soient un minimum présentables pour que s’estompe tout soupçon des visiteurs sur les réels objectifs du camp de la mort… Jeune Tchèque passionnée par la lecture, Dita s’est vue confier la "bibliothèque" d’Auschwitz : huit livres en piteux état qui avaient échappé à la vigilance des nazis et des kapos, huit ouvrages qui donnèrent du sens à sa captivité et qui créèrent du lien social entre les prisonniers de la section.
 

Par sylvestre, le 9 septembre 2022

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Notre avis sur La bibliothécaire d’Auschwitz

 
La bande dessinée La bibliothécaire d’Auschwitz de Salva Rubio et de Loreto Aroca est inspirée du roman de Antonio G. Iturbe dont elle a repris le titre. Parue aux éditions Rue de Sèvres, cette BD dont l’héroïne est une gamine est destinée à un public de jeunes lecteurs. Son scénario n’occulte pas les horreurs des camps en en montrant ou en en suggérant, mais on sent le choix fait de préserver le lecteur un tant soit peu, tout comme Dita a elle-même été, en son genre, "préservée" et "mise à l’abri" du pire ; bien que des gens ayant séjourné comme elle dans la section BIIb ont pu mourir pendant leur captivité par manque de soins, par manque de nourriture ou à cause des terribles conditions de travail et de détention.

Le roman de Antonio G. Iturbe compterait quelque 600 pages. Malheureusement, c’est sans l’avoir lu que je vous donne mon avis sur cette bande dessinée. Je ne peux donc rien trop affirmer sur la fidélité de l’adaptation qu’en ont faite les auteurs Rubio et Aroca. Je me suis cependant demandé lors de la lecture si, justement, le roman n’était pas moins "lisse", s’il n’allait pas un peu plus loin dans le reportage sur l’horreur alentour. (Une question en forme de bon prétexte pour me pencher sur l’oeuvre originelle !)

Cette histoire plaira aux jeunes lecteurs qui s’identifieront peut-être à l’amoureuse des livres qu’est Dita. Son tragique parcours est vraiment une histoire dont il faut savoir qu’elle a existé ! Les adultes seront d’accord là-dessus mais ils se feront quant à eux peut-être cette remarque que je me suis faite et qui m’a quelque peu dérangé (je me l’étais faite aussi à la lecture du Rapport W de Gaétan Nocq) : c’est que le camp d’Auschwitz est réduit à un décor et à un contexte qui s’efface au profit du sujet et qu’il en devient ainsi "malsainement moins horrible" qu’il ne l’était en réalité. Est-ce parce que le temps passe et qu’on en a déjà beaucoup lu sur les camps qu’on s’est habitués à l’horreur ?

Le fait est que ça peut être dérangeant et qu’en fait, c’est presque contre-productif pour le scénario : si on veut insister sur la chance qu’a eue Dita (et d’autres) de survivre, autant ne pas atténuer l’importance des dangers qu’elle a évités !

Mais je chipote, pardon. La bibliothécaire d’Auschwitz est un nouveau témoignage bouleversant. Une histoire à connaître pour tous les gens passionnés par l’Histoire et plus particulièrement par celle, très riche, de la seconde guerre mondiale, extraordinaire révélateur de toutes ces destinées qui se sont révélées à l’ombre de ses horreurs.
 

Par Sylvestre, le 9 septembre 2022

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