La belle image

Au service des permis B.O.B., Raoul Cérusier, courtier en publicité, se voit refuser les photographies qu’il tend à la guichetière sous prétexte qu’elles ne le représentent pas. Quelles sont donc ces affirmations pour le moins absurdes confirmées par d’autres ? C’est en passant devant une vitrine d’un magasin que ce dernier en comprend la raison. En effet, alors qu’il a conservé sa voix et son physique, son visage a inexplicablement changé. Considérant sa métamorphose, des problèmes de taille se profilent à l’horizon. Comment se présenter à sa femme, à sa famille; à ses amis et à son travail et faire accepter par ces derniers son changement sans qu’on crie à la mystification ? Afin de réfléchir à sa situation, Raoul s’invente un voyage à Bucarest et s’installe dans l’appartement au–dessus de chez lui. Parviendra-t-il à trouver une solution et de fait à reconquérir son entourage ?

 

Par phibes, le 6 mai 2011

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Notre avis sur La belle image

A peine a-t-il bouclé le second tome de sa saga Chambre obscure, que Cyril Bonin refait parlé de lui en proposant, cette fois-ci, chez Futuropolis, une adaptation du roman de Marcel Aymé, La belle image.

Le choix de cette nouvelle est des plus heureux car il permet de sensibiliser le lecteur sur l’univers populaire du romancier et sa propension à travailler sans excès dans des ambiances surréalistes. A l’instar de son autre ouvrage, Le passe-muraille, l’auteur donne à son personnage principal, l’occasion de bénéficier d’une mutation physique qui va le pousser à vivre des péripéties singulières.

On sent Cyril Bonin totalement investi par la magie des mots de Marcel Aymé, de l’histoire ahurissante de Raoul Cérusier (il suffit de lire son préambule pour en être convaincu). Grâce à cette motivation débordante, ce dernier en a saisi l’essentiel et nous entraîne adroitement, au gré d’une linéarité scénaristique fluide, dans les déboires (conjugaux, psychologiques…) du courtier dont la situation embarrassante n’a pas fini de le faire se mouvoir. Dès le départ, l’ambiance surnaturelle, dotée d’une cocasserie particulière, est campée et se maintient jusqu’à la fin. Certes, le pourquoi de la chose ne nous sera pas explicité (pas d’explication ésotérique, scientifique…) mais plutôt la manière dont le concerné va composer avec sa nouvelle apparence pour renouer le contact avec ses proches.

Le graphisme spécifique de Cyril Bonin, reconnaissable entre tous, appuie avec justesse la fiction de Marcel Aymé. Son style qui transforme ses personnages en individus quelque peu dégingandés pour certains ou massifs pour d’autres et qui donne vie aux quartiers parisiens avant-guerre, est d’une grande expressivité et d’une remarquable beauté semi-réaliste. Les apparences sont convaincantes, véhiculent une aura de sympathie très agréable que l’on peut apprécier dans un découpage somme toute classique, efficace dans les transitions et dans un environnement subtilement colorisé.

Un récit complet superbement orchestré par un auteur de bande dessinée qui a su s’accaparer pour l’occasion le domaine romanesque d’un grand écrivain, Marcel Aymé et qui sait le faire partager.

 

Par Phibes, le 6 mai 2011

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