Là-Bas

Qui est M. MERCADAL ? Un homme qui a vu l’Algérie se déchirer, un homme qui a fui le FLN après avoir « collaboré », sans bien comprendre l’horreur qui l’entourait. Un homme qui a une réputation de boucher à cause de son passé, que son employeur garde pour service rendu dans l’Algérie Française.
Mais M. MERCADAL est avant tout un homme. Avec les « femmes de sa vie », dont sa mère et sa fille, narratrice de l’existence apatride d’Alain Mercadal, son pavillon de banlieue à 47 minutes du travail, son chien et son passé.
Là-Bas est librement inspiré du roman Bleu figuier paru aux Editions Grasset.

Par TITO, le 1 janvier 2001

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3 avis sur Là-Bas

Nouvelle trouvaille d’Aire Libre, nouvelle perle du tandem Tronchet-Sibran après Le quartier évanoui, « Là-Bas » adopte une narration très détachée et presque monotone, pour faire entrer le lecteur dans la vie d’un homme vu par sa fille. Le ton est calme, le regard posé sur la vie de l’homme au centre du récit est très simple et très humain. Un ton qui ne juge pas, qui n’excuse ni ne dramatise.
Le lecteur s’immerge progressivement dans la vie simple d’un homme dans tous ses regrets, ses tourments, ses vraies et ses fausses joies. Le tableau dressé est très touchant : celui d’un homme qui, maltraité par son environnement et par une histoire qui dépassent sa capacité à prendre la mesure de ce qui lui arrive, essaye de s’inventer par la méthode Coué une existence radieuse.
Le dessin de Tronchet, souligné par des couleurs très à propos, accompagne le récit à merveille de par sa capacité à montrer les vanités et les faiblesses des hommes, en les rendant à la fois drôles et émouvantes. Cette oeuvre aux faux-airs d’autobiographie en ressort chargé d’une très grande émotion.
Un album touchant et sincère, dont la principale force est d’être profondément humain.

Par TITO, le 11 septembre 2003

Quand Anne Sibran prend le crayon et narre en bd le portrait d’un être proche, et qu’elle se fait accompagner au dessin et aux couleurs par son amoureux, ça rend un album riche, généreux, chaleureux et analytique mais de façon édulcorée surtout si on s’en réfère aux propos de son livre « Bleu Figuier »qui semble sans excuse pour cet homme coupable.
La bande dessinée redonne quelques années plus tard une vie à l’auteur, à son père et à leur histoire commune. Cet album accorde un autre regard sur leur relation et sur le pardon d’Anne pour son père. C’est pour ça que cet album raconte les rapatriés avec leurs souvenirs, la part d’eux qu’ils laissent au pays avec richesses et soleil, avec le rythme, les youyous , les couleurs, la chaleur, les épices, tout ce qui identifie un mode de vie, une culture et ce nid que certains se sont construits… leur vie !
Et puis un jour, on décide à leur place, il faut refaire en emportant avec soi les regrets, les souvenirs, pas grand-chose finalement.
C’est là que Tronchet intervient avec sensibilité et passe des couleurs chaudes faites des jaunes, oranges, bruns etc.. aux bleus, noirs, blanc qui montrent à quel point les héros de cette bd ne trouvent plus que le froid d’une vie devenue morne et isolée, sans amis. Ils ne comprennent pas très bien comment, après avoir fait le bon choix et après avoir rendu les bons et loyaux services, ils sont relégués au placard.
Voilà ce que Le Pays fait : il les rejette, il les oublie, on leur a pris leur vie !
La famille d’Alain s’accommode de ce rythme quotidien en brouillant sa vue mais aussi en tombant malade. Chacun laisse ses illusions au vestiaire, l’espoir meurt et une plainte silencieuse se fait alors entendre.. ..
Maintenant !
Alors, le récit devient une merveille d’amour et de compréhension. Il rend à l’homme sa vie laissée de l’autre côté de la Méditerranée et montre aussi l’amour qu’il portait caché sous un costume d’apparat, de première nécessité, un costume de survie si bien ajusté que personne n’avait vu qu’il n’était peut être pas le sien propre. Il aura fallut des années pour que les regards se croisent enfin et qu’ils se voient
Cette histoire est puissante et pourtant racontée avec lenteur et douceur, le dessin est tellement chaleureux et les expressions des personnages sont tellement humaines que nous sommes très vite touchés par « La Bas ».
Je qualifie cette bd comme non ordinaire, elle n’est pas un divertissement, elle n’est pas une moralité non plus, elle est le regard d’une personne sur une autre au début d’une situation difficile et douloureuse, puis à l’arrivée ; elle est le chemin, le travail sur soi que certains auteurs doués de sensibilité et d’humanité savent faire.
Bravo à vous deux pour avoir su communiquer en bande dessinée avec tant de simplicité une étape de vie particulièrement difficile à raconter.
Magnifique !

Par MARIE, le 29 septembre 2003

« La-bas » c’est le soleil, les souvenirs d’Anne Sibran, d’un pays, qu’elle ne connait pas, où alors qu’aux travers des yeux de son père. Cet album c’est le parcourt d’un homme qui veut garder bien au chaud les traces de son monde, de son nom, qui découvre sa famille, sa fille, sa sœur, son quartier, qui marche continuellement vers son travail chaque matin, qui ne voit pas le mépris des gens ou qui ne veut plus sentir les douces absences de sa mère.
Je me rend compte combien il est facile d’entrer dans cette histoire, se perdre dans les yeux de ces personnages, je n’ai pas envie de faire un avis forcément plus analytique, simplement car je me suis laissé transporter par ce récit très pur ou Anne Sibran se lache, se raconte et nous fait vibrer lentement. Le dessin de Tronchet, parfois maladroit est néanmoins en parfaite harmonie avec les textes, c’est fantastique de poésie et d’émotion.
Allez je vous dis « rejoignons tous la-bàs, nous irons nous baigner et nous sentirons le soleil… »

Par FredGri, le 21 octobre 2003

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