BALLADE DE MAGDALENA (LA)
La stratégie du poisson-flûte

Négociant en vin, Arnaud de Sars a quitté sa femme, ses enfants et son commerce afin de vivre la grande aventure autour du monde. Mais en cette année 1914, la gestion de la société est devenue très hasardeuse et oblige Léonie, la fille du négociant en escapade, à partir à la recherche de ce dernier pour lui faire part du douloureux problème. Au regard des dernières nouvelles envoyées par celui-ci, la jeune femme se transporte en Nouvelle-Guinée. En ces lieux exotiques touchés par le conflit mondial qui fait rage, Léonie croise le chemin de Lukian Bruckner, un planteur allemand revêche qui a côtoyé son père. En attendant de délivrer les réponses que la jeune femme espère, ce dernier l’entraîne dans son sillage très tourmenté et impitoyable, entre fuite devant l’adversaire anglais et désir de vengeance.

 

Par phibes, le 14 août 2012

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Notre avis sur BALLADE DE MAGDALENA (LA) #1 – La stratégie du poisson-flûte

Le dessinateur suisse du Cycle d’Ostruce paru entre 2007 et 2010 (4 tomes) chez Le Lombard se lance cette fois-ci en solo et chez le même éditeur dans une saga aventureuse qui devrait se décliner en deux épisodes.

La ballade aux accents dramatiques à laquelle ce dernier nous convie, nous entraîne dans les ambiances conflictuelles de la première guerre mondiale, bien loin du front européen, puisqu’elles se découvrent dans l’Océan Indien. Fort de ce contexte, l’auteur introduit très rapidement ses protagonistes, en particulier la jeune Magdalena et surtout, en cet opus, la puissante présence de son oncle Lukian. A ce duo charismatique, vient s’ajouter une troisième personne incarnée par Léonie, jeune citadine bordelaise en quête d’un père disparu. Tout trois vont vivre ensemble une équipée mouvementée en grande partie influencée par le fameux Lukian.

Christophe Dubois parvient, avec ce premier volet, à nous intriguer de par les actions du trio et leurs comportements caractérisés. Ainsi, Lukian semble, dans ce tome, supplanter sa nièce Magdalena (taiseuse et pourtant narratrice) par son passé mystérieux, son omniprésence caractérielle et acide, ses frasques qui l’amènent à fuir la soldatesque de sa Majesté, en entraînant derrière lui ses autres compagnons. La ballade maritime est loin d’être une sinécure puisque promise à des rencontres de tout type (tempêtes, engagements guerriers, évasion…) démontrant ainsi une variété de faits et d’actions qui, bien gérées, vont dans le bon sens de l’aventure. De plus, l’artiste n’a pas occulté le côté énigmatique de l’histoire qui perdurera tout au long des 72 pages et qui concerne le devenir du père de Léonie.

Au niveau du dessin, Christophe Dubois démontre qu’il sait travailler dans un réalisme qui sait attirer les regards. A n’en pas douter, son trait est puissant, enchanteur par l’exotisme mis en avant, sensuel par le travail sur l’apparat de ses personnages (les regards, très clairs, ont quelque chose de perçant, à la manière de ceux exécutés par François Bourgeon, par exemple, dans le Cycle de Cyan. On restera subjugué par les superbes perspectives, par la prééminence du rendu des tempêtes, par le découpage maîtrisé et surtout par la palette de couleurs sublimes qui offrent un côté dépaysant non négligeable.

Un très bon départ d’une ballade stratégiquement tumultueuse qui donne envie de voir ce qui nous est réservé dans le second opus. A lire donc !

 

Par Phibes, le 14 août 2012

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