L'ultime défi de Sherlock Holmes

Le docteur Watson revient sur la dernière enquête de Sherlock Holmes, juste avant que ce dernier ne meure. Une affaire aussi sombre que célèbre qui nous entraîne dans les bas-fonds de Londres, à Whitechapel. La cible du grand détective n’est autre que Jack l’Eventreur.

Par legoffe, le 17 avril 2010

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3 avis sur L’ultime défi de Sherlock Holmes

La collection “Rivages/Casterman/Noir” rend, cette fois, hommage à l’un des plus célèbres détectives du roman policier, Sherlock Holmes. Pour se faire, l’éditeur a choisi d’adapter non pas une des oeuvres de Conan Doyle, mais le livre publié par Michael Dibdin en 1979. Un parti pris audacieux car nous y découvrons un Holmes plus torturé, plus humain aussi, que dans les romans de Conan Doyle. Dibdin a choisi une voie très originale, où ses héros sont soudain plus fragiles, en proie au doute. L’affrontement avec Jack l’Eventreur sera leur descente aux enfers, autant pour le détective que pour son fidèle Watson.

Dibdin est une référence du roman policier. Né en 1947, il est décédé en 2007. Il a laissé une oeuvre prolifique. Il obtiendra d’ailleurs le Gold Dagger Award en 1988 pour Ratking. Selon Casterman, l’envie de Dibdin d’écrire cette ultime aventure de Holmes venait du fait qu’il était pris entre un ami passionné par Jack l’Eventreur et une épouse férue du célèbre détective. Il ne choisi toutefois pas la voie du clacissisme, fidèle à son imagination débordante. Les fans de Sherlock Holmes seront donc certainement surpris, voire bousculés, par cette histoire où l’auteur balaie les codes pour imaginer une aventure où bien et mal entretiennent des liens qui condamnent les protagonistes à leur perte.

Olivier Cotte s’est fait plaisir en réadaptant au format “bande dessinée” ce roman noir. Un plaisir d’autant plus fort qu’il l’a partagé avec un dessinateur audacieux, Jules Stromboni. Vous le constaterez, en effet, dès l’ouverture du livre. Stromboni a recréé, pour l’occasion, un style graphique typique du début du XXe siècle, avec ses trames chargées et ses couleurs un peu “passées”. Un exercice étonnant qui, loin de vieillir le livre, donne surtout au récit une authenticité incroyable. Les dessins nous plongent directement dans l’époque victorienne.

Dibdin a revisité le mythe Holmes et la fin de sa vie avec une multitude de clins d’oeils à l’oeuvre originale. La vision du personnage Moriarty est transfigurée. On y retrouve aussi Watson en confident de Conan Doyle, rendant l’un et l’autre complices de l’images “future” de Holmes qui sera donnée par l’écrivain. On peut dire, en quelque sorte, que ce livre signe autant la fin que le début de la légende de Sherlock Holmes.

Par Legoffe, le 17 avril 2010

Tout ce qui touche à Sherlock Holmes, généralement, m’intéresse. Le roman de Michael Dibdin fait partie des livres à lire que je me note sur une liste. Et quand j’ai vu que Casterman proposait une adaptation dans sa très belle collection Rivages/Casterman/Noir, j’en ai profité pour me procurer ce titre.

L’ultime défi de Sherlock Holmes
est donc une excellente lecture. Le récit nous entraine avec Sherlock Holmes et le docteur Watson sur la piste de Jack L’éventreur. Nous allons donc suivre cette enquête qui s’avère assez risquée et difficile pour le meilleur détective de Londres. Les auteurs lient l’affaire à Moriarty et vont nous parler aussi de ce qui est arrivé un jour à la chute du Reichenbach.
C’est par ailleurs plus le docteur Watson que nous suivons ici, c’est de son point de vue que nous enquêtons.
Le scénario est bien construit et le suspense est bien entretenu. Et puis, l’humour y est le bienvenu.

Lorsque vous regardez les pages de ce livre, vous vous demandez ce que c’est, ce choix de couleurs à l’ancienne ! Mais, méfiez-vous car cela marche bien justement cette audacieuse initiative. Cela donne un autre cachet au graphisme et si vous regardez bien, le dessin de Stromboni s’avère fort réussi. Son Holmes ressemble à du "Holmes". Les expressions des visages sont assez réussies et le lecteur s’accroche à nos deux détectives.
Bref, une excellente adaptation et un récit particulièrement prenant et réussi.

Alors, est-ce que le célèbre détective du 221 bis, Baker Street a découvert qui est Jack l’éventreur ? Ça, c’est ce que je vous invite à deviner dans les pages de ce livre.

Par BERTHOLD, le 31 mai 2010

Grand admirateur de Sherlock Holmes, je me suis toujours méfié des reprises du personnage de Conan Doyle, pourtant le plus repris à la fois en littérature et au cinéma.
Quelques exceptions toutefois me viennent à l’esprit : « La vie privée de Sherlock Holmes » adapté par Billy Wilder au cinéma et « Les exploits de Sherlock Holmes » par Adrian Conan Doyle et John Dickson Carr, recueil de nouvelles qui reprenaient les canons holmésiens.
Cette nouvelle aventure en bande dessinée est l’adaptation du roman de Dibbin, que je n’avais pas vu passer à l’époque.

Même si Sherlock Holmes redevient à la mode avec le film de Guy Ritchie et sa déclinaison en bd « Sherlock Holmes et les vampires de Londres » (que j’ai tous deux soigneusement évités), je suis très rétif à ce regain d’intérêt. Seule la version originale de Luc Brunschwig et Cécil "Holmes", m’a, pour le moment, passionné.
Pourtant, dès que j’ai aperçu ce livre, j’ai tout de suite été séduit. Séduit par la forme – on croirait lire un journal du début du 20ème siècle avec utilisation d’un mauvais papier- et surtout par le fond. Quel scénario extraordinaire ! Mais j’y reviendrai.
Un seul et unique élément m’a fait pencher vers l’achat instinctif voire compulsif : Jeremy Brett, car le dessinateur a eu la brillante et heureuse idée de faire apparaître Sherlock Holmes sous les traits d’un des meilleurs acteurs ayant interprété le célèbre détective à la télévision, Jeremy Brett, disparu trop tôt.
Du coup, j’ai l’impression d’entendre ses intonations et voir ses mimiques à chaque page. Un régal, vous dis-je. Si Billy Wilder avait certes quelque peu écorné le mythe du détective anglais dans « La vie privée de Sherlock Holmes », le scénariste revisite ici complètement les canons holmésiens avec cette adaptation de Jack l’Eventreur, tout en utilisant les aventures de Conan Doyle (" le dernier problème", Mycroft Holmes, les déguisements de Sherlock Holmes, les chutes de Meiringen) et en distillant dans cet opus des titres d’aventures imaginaires que n’aurait certes pas renié Conan Doyle ("le club des molubdotémophiles ", "la magouste royale"ou encore "le soleil d’azur").

Bien sûr, au fil des pages, on songe au célèbre "From Hell" d’Alan Moore dans les déambulations de Sherlock Holmes et du docteur Watson dans les rues de Whitechapel. Certes, le parti pris d’un dessin assez vieillot peut rebuter certains mais il ne faut pas s’arrêter à cela.

Un formidable pied de nez au mythe de Sherlock Holmes et qui ne peut que ravir les amateurs, tant l’esprit du scénario est fidèle aux autres aventures relatées par Watson, pardon par Sir Arthur Conan Doyle, qui d’ailleurs fait ici une apparition. Watson, dans la seconde partie de cet opus, prend une importance qu’il n’avait pas dans les aventures « classiques » ; mais ne prenez pas garde au quatrième de couverture qui annonce : "A la veille de sa mort, le docteur Watson…", cela peut vous induire en erreur.

J’ai pris un très grand plaisir à lire cette aventure qui tranche vraiment avec le mythe du héros imaginé par Conan Doyle.

Bref, je ne dirai qu’un mot : jubilatoire.

Par Hervé, le 28 février 2012

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