L'oeil du STO

Paris, 1977. Justin pourrait demander sa retraite dès à présent, mais il refuse, malgré l’insistance de sa famille, car il lui faudrait utiliser l’année qu’il a faite au Service du Travail Obligatoire dans le décompte.
C’est un droit. Mais, toute sa vie, Justin a porté le poids de cette année de STO comme un fardeau, ayant le sentiment d’avoir servi les Allemands. N’aurait-il pas dû faire autrement ? Résister ? Mais avait-il vraiment le choix ?

Les souvenirs lui reviennent alors qu’il se promène avec son petit-fils dans Paris. Ils passent devant la brasserie où il travaillait avec sa mère au début de la guerre.

Par legoffe, le 11 janvier 2021

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Notre avis sur L’oeil du STO

C’est, en premier lieu, le sujet du livre qui a attiré mon attention. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de trouver une bande dessinée traitant le sujet du Service du Travail Obligatoire (STO) qui a, pourtant, marqué nombre de Français durant la Seconde Guerre Mondiale.

Un autre élément m’a également touché une fois l’album ouvert : le dessin. Pas forcément adepte des BD en noir et blanc, j’ai été immédiatement séduit par ce graphisme expressif et cette capacité de l’auteur à découper ses scènes ou ses cases de manière à engendrer quelque chose de très vivant, générant des pages presque cinématographiques. D’un point de vue esthétique, c’est déjà du grand art.

Quant à l’histoire, elle est particulièrement touchante. Tirée d’une histoire vraie, elle offre un témoignage bouleversant sur le destin des hommes partis pour le STO et qui, souvent, en ont été marqués à vie, non seulement pour ce qu’ils ont vécu là-bas, mais aussi en raison de la honte qu’ils ont ressenti à leur retour. Le poids et l’absence de reconnaissance de ce traumatisme – le sujet étant tabou – auront pesé sur l’existence de nombre de ces exilés.

Tout cela est conté de façon très vivante, grâce à la forte personnalité des différents protagonistes. Nous avons vraiment l’impression d’être à leurs côtés pour découvrir l’avant, le pendant et l’après. Je n’en suis pas surpris, ayant déjà beaucoup aimé Michigan, où Julien Frey racontait le parcours de femmes françaises parties vivre aux Etats-Unis après avoir rencontré leur mari – soldats américains – en France durant la guerre.

L’Oeil du STO est un album est aussi intéressant qu’émouvant. Il constitue une des plus belles réussites des éditions Futuropolis en 2020.

Par Legoffe, le 11 janvier 2021

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