IMPERTINENCE D'UN ETE (L')
Seconde partie

Tina se languit d’Ed qui est parti rejoindre sa famille aux Etats Unis. Restée seule au Mexique, elle va alors essayer de se retrouver dans la photo, de laisser s’exprimer sa sensibilité. Même si beaucoup reconnaissent son talent, elle ne réussit néanmoins pas à vraiment vivre de son art, d’autant qu’elle commence à vouloir s’engager dans la révolution communiste qui gronde de plus en plus. Ed finit par revenir, avec son fils Brett. Alors qu’ils semblent retrouver cet équilibre d’antan, le couple se rend bien compte des différences qui les séparent…

Par fredgri, le 5 mai 2010

Publicité

Notre avis sur IMPERTINENCE D’UN ETE (L’) #2 – Seconde partie

L’idéal, ici, c’est de relire le premier album et d’enchaîner sur le deuxième dans la foulée. Comme ça, on reste dans l’ambiance, on est complètement immergé et c’est un vrai bonheur à lire.
Car, c’est avant tout ça, ce diptyque, une ambiance, un rythme très sensuel, des odeurs, une chaleur qui s’immisce. On commence cet album en suivant la magnifique Tina, qui est le véritable sujet de l’album, en fait. On la suit des yeux, on laisse traîner son regard sur la ligne de son dos, sur son profil. Ruben Pellejero est vraiment au sommet de son art. Malgré son trait épais, il réussit à rendre les choses incroyablement sensuelles, à nous faire ressentir ces impressions. De son côté, Denis Lapière garde cette façon très subtile de décrire ses personnages, de les faire exister. Le cadre est certes moins "léger" que dans le précédent tome, ici, la révolution se fait plus présente, plus menaçante, plus radicale. les protagonistes doivent faire des choix, il faut s’engager. Et Tina, la belle Tina, qui se cherche encore, va alors basculer dans la révolution du peuple, sacrifiant son art pour ses convictions.
"L’impertinence d’un été" parle donc d’amour, d’Art, mais surtout d’une petite période ou ces artistes se rencontrèrent pour, ensuite, trouver leur véritable voix. On se rend bien compte qu’il y a eu une vie avant et que les personnages vont ensuite vivre tellement d’autres choses ensuite, on devine même que cette histoire, dans ces deux tomes, n’est peut-être pas si importante que ça… Mais, justement, Lapière a aussi l’intelligence de ne jamais jouer gratuitement sur ce côté "un début, une fin", il inscrit son récit dans une continuité, dans une histoire en cours qui continue ensuite.
Ce qui est ensuite intéressant c’est de se documenter sur les protagonistes. Qui est Tina Modotti ? regarder quelques unes de ses photos, se rendre compte qu’elle avait une façon de transcender des objets "banals" pour en extraire une sorte d’abstraction, mais Edward Weston ira certainement bien plus loin dans cette démarche en jouant sur les courbes, la lumière… Ces deux albums peuvent parfaitement être perçus comme des magnifique entrées en matière pour ensuite mieux découvrir le travail de ces deux artistes. D’ailleurs quand on fouille, quand on découvre les photographies de Tina et Ed, on se rend compte de la parenté qu’il peut y avoir avec l’approche de Pellejero, et même plus profondément avec celle de Lapière. Cette façon de jouer avec les lumières, les choses du quotidien pour progressivement passer en second plan le contenu plus réaliste, plus ancré dans la réalité sociale. On frôle, avec ces albums, le concept de l’Épiphanie que Joyce décrivait comme "une révélation subite du sens qui permet au lecteur de comprendre, le caractère essentiel du révélé contrastant souvent avec la forme triviale du révélateur", l’essentiel dans une courbe, un geste, une page.
Une très belle façon de découvrir deux fantastiques auteurs au travers d’une œuvre pleine de sensualité et de beauté. Magnifique.

Par FredGri, le 5 mai 2010

Publicité