L'Homme sans talent

Que peut faire un auteur de manga sans travail, sans commande ? Tourner en rond, faire des bd d’avance, déprimer, changer de métier ?
L’homme sans talent décide d’essayer de faire divers petits métiers… pas trop durs, pas trop fatigants et si possible qui rapportent beaucoup d’argent ! Utopiste, faignant, victime de la mutation du Japon, un homme inutile dans une société capitaliste? Qui est-il donc.. ?
Se cherchant dans les p’tits boulots, il apprend. Et finalement, d’expériences en rencontres, l’apprentissage de la vie est une sacrée occupation !

Par MARIE, le 1 janvier 2001

Notre avis sur L’Homme sans talent

Manga traduit pour la première fois en France par Frédéric Boilet et édité par le dynamique « Ego Comme X » Cette œuvre fut publiée il y a presque 20 ans au Japon sous le titre « Munô no hito » et adaptée au cinéma en 1991 par Takenaka Naoto . (Ce film reçu le prix de l’Association internationale des critiques au festival du cinéma).
La narration est assez amusante, construite sous forme de chapitre : introduction, développement, et conclusion philosophique mais ne manquant pas d’humour !
Le sujet traite de la difficulté à s’exprimer dans un milieu artistique limitatif et exigeant des années chaotiques où le mode de vie moderne chamboulait la culture traditionnelle japonaise. Il fut un certain moment de flou où chacun eut du mal à trouver un peu d’espace. Tsuge, désabusé raconte un peu tout ça.. parfois le ton est drôle , mais il n’hésite pas à attaquer le monde de l’édition qui ne s’intéresse pas à l’art.
Il fait dire à son homme sans talent :
« Le milieu de la bande dessinée, qu’est-ce qu’il en a à foutre de l’art ? Superflu ! Encombrant ! « 
L’auteur est perplexe, il le dit, il le dessine et il donne à son héros un visage sobre et austère, plutôt témoin qu’acteur comme il l’est lui même. Cette bd est un clin d’œil sur la confrontation entre les cultures, le monde de l’argent et les valeurs ancestrales… et bien sûr sur l’art de l’inutilité dans une société marathonienne. Il se plaint du manque de valorisation de la bande dessinée d’auteur.
Toutefois, le ton morose s’illumine vers la fin grâce au bouddhisme évoqué au travers de Seigetsu, maître du haïku ( Petite poésie de l’instant, une sorte d’impression flash, construite avec 3 vers (17 syllabes ) ) qui relativise l’ambition et qui dit, en gros, que toute richesse matérielle n’est rien par rapport à la nature 😉
Le dessin privilégie l’expression des personnages et l’environnement. On y lit la détresse et l’absurdité mais on y voit aussi l’amorce de la modernité.
Cette adaptation est une œuvre forte de Tsuge, œuvre rebelle qui montre le besoin d’exister humainement et artistiquement. Presque indispensable !

Par MARIE, le 11 février 2004

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