L'homme qui s'évada

Accusé à tort d’être membre de la bande à Bonnot, Dieudonné est condamné à être guillotiné. Raymond Poincarré lui accorde la grâce mais au lieu d’être libéré il est transporté au bagne, en Guyane. Albert Londres, journaliste, enquêtant sur le bagne en général s‘intéresse à Dieudonné et rend compte de toute l’horreur et des inepties du système.
Plutôt que de subir, Dieudonné tente une évasion. Lui et quelques uns de ses compagnons, tels des bêtes vont tenter la belle mais elle n’est pas gagnée pour tous.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

Notre avis sur L’homme qui s’évada

Nouvel album du jeune label Actes Sud Bd traitant d’un fait de société grave et méconnu. Il s’agit ici des conditions de vie au bagne et, dans un deuxième temps, des erreurs judiciaires et du travail d’enquête réalisé par le grand journaliste Albert Londres.
L’homme qui s’évada est en effet l’adaptation d’un roman documentaire au titre éponyme paru en 1928, et découlant directement de son voyage en Guyane, en investigateur de terrain concerné et épris de justice. Sa plume, lui permettant de témoigner, servira à Dieudonné, injustement accusé d’être un membre de la bande à Bonnot et qui s’est toujours battu en clamant son innocence, d’obtenir la révision du procès. Il sera finalement gracié à son retour en France.

La narration est lente mais intense et semble monter en puissance au fur et à mesure du déroulement de l’histoire.Du point du vue du découpage, pas de gaufrier pour ce roman mais au contraire une irrégularité de la mise en page avec des dialogues et des textes placés un peu partout, invitant ainsi le lecteur vers de nouveaux horizons. La lecture de cet album demande des efforts y compris au niveau du dessin qui, mettant la misère en exergue, dresse des portraits d’hommes aux regards hagards, intérieurs, désespérés, barbes non rasées, les pieds nus, des hommes en vrac.
Quelques planches descriptives frisent le pédagogique et, telles des fiches sortant tout droit d’un manuel de sciences naturelles, nous apprennent la nouvelle anatomie du corps humain après être passé dans l’environnement du bagne. C’est terrifiant !
Sans faire dans le spectacle, le récit détaille les dures réalités des conditions de détention et tente de les dénoncer. Le livre terminé laisse un malaise certain. Comme souvent, l’histoire donne tort aux hommes. Comme souvent, la nature humaine se surpasse dans la bêtise et la cruauté.

Autant j’ai aimé ce roman pour sa puissance et l’émotion qu’il provoque, autant je ne l’ai pas aimé parce qu’il en ressort une fois de plus du dégoût pour le genre humain et que je rêve du contraire.
Cette lecture est un excellent moyen de se confronter aux affres des dures réalités de la vie et pour se documenter. 
Bravo à l’auteur dont c’est le premier roman, d’avoir su rendre les hommages aux bagnards concernés ainsi qu’à l’extraordinaire travail d’Albert Londres.

Par MARIE, le 13 juillet 2006

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