ÉTÉ 63 (L')
Tome 1

Fraîchement débarqué, Paul, médecin dans la marine, retrouve son fils Jeannot à Paris. Lors de ses retrouvailles inespérées, le militaire avoue à ce dernier qu’il a une demi-sœur de 13 ans se prénommant Linh et qui habite avec sa mère au Vietnam. Considérant les tensions terribles que connaît ce pays, Paul a décidé de faire venir la jeune fille en France pour la préserver des conflits. Face à cette déclaration subite et inattendue, Jeannot adopte une attitude de réserve si bien que lorsque Linh arrive, il ne lui manifeste, au grand dam de son père, aucun sentiment bienveillant. Est-ce que la jeune eurasienne parviendra à s’adapter à sa nouvelle vie et Jeannot, arrivera-t-il à pardonner son père pour son manque de communication sur son passé ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur ÉTÉ 63 (L’) #1 – Tome 1

En ce premier semestre 2009, Marc Borgne est un auteur qui a le vent en poupe. En effet, pas moins de trois albums sont sortis ou le seront très prochainement. Pour les citer, il s’agit du dernier tome de "Voyageur", des "Pirates de Barataria" et du présent ouvrage "L’été 63". Pour ce dernier, il laisse tomber ses crayons pour passer de l’autre côté de la table à dessin et nous concocte une aventure psychologique en deux tomes d’un genre des plus attrayants.

Ce premier opus nous permet, dans la sensibilité qui le caractérise, de faire connaissance avec les principaux protagonistes, Jeannot, Linh et leur père Paul. Loin des récits à effusions multiples, dans lesquels le mal et le bien se confrontent dans une débauche d’hémoglobine, cette histoire met à plat les liens ténus entre un père voyageur, peu présent et peu bavard, et son fils, un brin livré à lui-même et ancré dans ses convictions familiales. Le conflit (pacifique) qui en découle et qui oppose deux membres d’une même famille, se dévoile à nous dans une simplicité naturelle (que tout un chacun pourrait connaître), servi par des dialogues qui fleurent le spontané couvert par des coups de gueules et de réflexions désabusées.

Pour parfaire cette ambiance émotionnelle, Marc Bourgne a judicieusement choisi le contexte historique de l’année 1963, l’époque des yéyés pour la France et des terribles affrontements guerriers vietnamiens. Le brin d’exotisme qui s’en dégage vient de Linh, qui, dans sa quiétude incarnée due à ses origines, apporte un certain apaisement aux tensions familiales. Par ailleurs, la campagne auvergnate du Livradois-Forez complète le tableau d’une touche rurale, nature, et apporte le charme bucolique.

La douceur des graphiques à l’ancienne de VoRo qui évoquent bien l’époque dont il est question, est avérée et se déguste au travers d’un travail qui pourrait s’apparenter à de la couleur directe. Quelque peu différent de celui de ses séries "Tard dans la nuit" et "La mare au diable", son trait, issu d’un crayonné appuyé, est gracieux, expressif et s’apprécie dans un réalisme très convaincant. Il est certain que le rendu de ses dessins confirme un talent incontestable, subtil et charmeur qui provoque bien des sensations.

"L’été 63", que je conseille vivement, est l’histoire d’une relation conflictuelle entre fils et père pour la préservation d’une petite fleur d’orient qui n’aspire qu’à une chose : vivre en harmonie avec son prochain. Un bien beau récit riche en émotions et tout en délicatesse qui promet un grand moment de lecture et qui appelle, comme il se doit, une suite des plus brillantes.
 

Par Phibes, le 14 juin 2009

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