L'Essai

En juin 1903, Fortuné Henry, un anarchiste idéaliste, débarque en gare d’Aiglemont, une valise à la main, des outils et un chien. Il vient d’acheter une parcelle de terrain aux abords de la forêt des Ardennes. Une fois arrivé, il commence à travailler la terre, se construit une hutte… Son grand projet d’une « colonie initiale de l’humanité future », plus communément appelé « L’Essai, colonie communiste d’Aiglemont » commence à prendre de l’ampleur, on le rejoint, on bâtit une première maison, les champs son cultivés et progressivement l’Essai prend de l’ampleur…

Par fredgri, le 18 mai 2015

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Notre avis sur L’Essai

Quand on me parle d’anarchisme je repense systématiquement à ces poseurs de bombes, ces désordres, ces morts… Alors qu’à la base l’anarchisme a pour projet de s’abstraire de la domination et de l’exploitation, de permettre à des individus-producteurs de coopérer librement, d’associer leurs forces au service d’une dynamique d’autogestion, de fédérer leur compétences au service de tous… Et le projet de Fortuné Henry s’inscrit complètement dans cet esprit, créer une communauté autogérée qui ne rend de compte à personne.

On se rend bien compte que l’argument va permettre à Nicolas Debon de développer des situations passionnées qui vont décrire l’ascension et la chute de cette histoire ! Et c’est très intéressant, car très vite, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer cette communauté va continuer tranquillement et même avoir le soutien des voisins. Bon on n’est pas dans un rapport ultra enthousiaste, mais les gens sont curieux et intrigués par ce projet.
Debon prend donc son temps pour raconter les différents étapes qui rythment le quotidien de ces hommes et ces femmes, il reste concentré sur le sujet, quitte à progressivement s’éloigner des hommes pour ne garder que le projet en lui même. Certes on est proche de Fortuné, de ses idées qui sont répétés régulièrement, mais il y a une certaine distance par rapport à tout ça. L’auteur ne tombe pas dans le piège de l’individualisation, il s’agit d’une communauté et elle doit être présentée comme telle.
Les jours se transforment en mois, en années et on voit Fortuné évoluer aussi, il se procure une imprimerie, il édite des tracts et retrouve cette rage de l’engagement qui l’éloignera de l’Essai…

Toutefois, l’écriture est vraiment très subtile, on voit grandir cette idée, on la voit envelopper et transformer des vies, on en vient à rêver qu’un tel idéal puisse déboucher sur un vrai projet dans la durée, une société qui ne se base pas uniquement sur le pouvoir des uns sur les autres, sur un rapport de force inégal. C’est idéaliste, c’est vrai, mais savoir qu’un jour il y a eu des hommes et des femmes qui se sont lancés dans un tel rêve c’est incroyable !

Graphiquement, Debon mise sur une approche assez minimaliste, avec des couleurs pastels magnifiques et très fines ! C’est très beau sans pour autant se perdre dans des détails inutiles !

L’Essai est un album qui témoigne d’une merveilleuse expérience qui aurait pu donner de très belles choses ! Je vous encourage à découvrir à votre tour cette passionnante histoire qu’il ne faut pas oublier !

Par FredGri, le 18 mai 2015

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