L'ÉPOPÉE DE GILGAMESH
Le trône d'Uruk

A l’issue d’un énième combat dont il est sorti victorieux, Gilgamesh, le prince d’Uruk, décide de quitter Agga, le roi des Kish, pour retrouver sa cité qu’il a abandonnée depuis plus de dix ans. Malgré l’insistance du monarque, le combattant explique qu’en la mémoire de son père Lugalbanda mort dans sa jeunesse, il veut reconquérir son trône et tuer de ses mains Dumuzi, celui qui a pris sa place. Alors qu’il atteint enfin son royaume, Gilgamesh se voit dépouillé de sa vengeance, car Dumuzi est mort. Il retrouve la prêtresse Ishtar et ne tarde pas à être couronné. Mais le nouveau roi se révèle tyrannique et particulièrement oisif, et fait d’innombrables mécontents au point que Anu, le père de tous les dieux, s’en inquiète. Une leçon divine semble inévitable et elle viendra du massif Enkidu. Grâce à son influence bienfaisante, Uruk retrouve la quiétude d’antan et Gilgamesh sa superbe. Ce qui n’est pas du goût d’Ishtar qui voit là sa perfidie et sa manipulation sournoise sur le monarque réduites à néant.

Par phibes, le 16 janvier 2010

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Notre avis sur L’ÉPOPÉE DE GILGAMESH #1 – Le trône d’Uruk

La légende mésopotamienne fait encore des émules. Après Gilgamesh de De Bonneval et Duchazeau, c’est au tour de Julien Blondel et Alain Brion de s’associer pour se lancer dans l’adaptation de la fameuse épopée de ce personnage héroïque du 2ème millénaire avant Jésus-Christ.

Fortement inspiré par ce récit mythique, Julien Brondel nous plonge dans son univers à la Conan où la barbarie vient côtoyer le divin, dans un amalgame à la fois sanglant et féerique. Ce dernier nous présente le fameux Gilgamesh, doté d’une force herculéenne destructrice et d’une volonté latente de se venger de la spoliation de son trône en la cité d’Uruk. C’est ainsi qu’il nous fait assister, dans un enchaînement de violence et de sensualité, au retour du futur roi qui, sans le vouloir, va subir la manipulation d’une rivale de charme.

Le récit s’apprécie dans une linéarité parfaite, au gré des combats d’une intensité formidable, à la faveur des répits à l’érotisme ensorceleur et des interventions divines, dans des transitions qui donnent à cet ouvrage une puissance attractive extraordinaire. La terrible destinée aventureuse et guerrière du futur Roi d’Uruk est mouvementée à souhait et promet des rencontres hors norme, titanesques et digne d’une époque où la violence est reine.

En guise d’aperçu, il suffit d’admirer la couverture de l’album pour saisir la puissance du travail époustouflant d’Alain Brion. Dans une authenticité bluffante qui n’est pas sans rappeler celle de Frank Frazetta et que l’on a déjà pu, par ailleurs, apprécier dans la série Corpus Hermeticum, Opération Gremikha, ce dessinateur donne corps à des personnages d’une vigueur ahurissante, à la musculature hypertrophiée et à la brutalité extrême. Par opposition, la gente féminine apparaît dans des formes sculpturales, emplies de douceur et charmeuses. Les scènes de combat, se déroulant dans des paysages grandioses, sont démoniaques de précision et de détails et intensifient cette impression de démesure et de barbarie. Grâce à une colorisation superbement adaptée, l’exotisme de l’épopée est transcendant, et octroie un intérêt pictural capital à cette superbe revisite épique.

Une replongée admirable et impressionnante dans la Mésopotamie antique des plus violentes et des plus envoûtantes.

Par Phibes, le 16 janvier 2010

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