L'empoisonneuse

 
Partie d’Angleterre pour découvrir Brême en Allemagne et en rapporter à son éditeur un récit de voyage, une jeune auteure allait arriver dans une ville attendant avec frénésie l’exécution publique d’une femme reconnue coupable de nombreux homicides par empoisonnement.

Intriguée par la sordide affaire, la jeune écrivain allait rassembler quelques témoignages pour satisfaire sa légitime curiosité autant que pour essayer de s’expliquer comment ces atrocités avaient pu être commises en si grand nombre sans que personne ne réagisse plus tôt.

Mais nombre des gens qu’elle rencontra la cernèrent mal, et certains la soupçonnèrent même d’être l’une de ces plumes attirées par le sensationnel de l’affaire pour faire ensuite mauvaise publicité à la ville de Brême…
 

Par sylvestre, le 1 avril 2011

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Notre avis sur L’empoisonneuse

 
C’est grâce a des premières planches conçues de manière très cinématographique que l’on rentre dans cette histoire : on entendrait presque arriver le train en même temps qu’on le voit, surgissant des fumées qui se dissipent autour de lui ! Puis c’est à l’intérieur de ce train qu’on se laisse guider par les voix qu’on nous donne à entendre, jusqu’aux deux personnes dont la conversation en question va introduire la suite…

Cette première séquence est tout à fait à l’image de cette bande dessinée des éditions Actes Sud BD / Editions de l’An 2 : forte d’un dessin simple mais plein d’âme et de textes dont la traduction signée Paul Derouet est très soignée et forte de mots et de tournures de phrases qui nous propulsent davantage dans l’authenticité de l’époque relatée. Côté dessin, on aura noté par exemple certaines ambiances des œuvres de Bruegel, ou de Van Gogh, notamment dans la chambre qu’occupera sous une mansarde l’héroïne…

On ne suit pas l’empoisonneuse Gesche Gottfried elle-même, dans cette bande dessinée, mais l’écrivain qu’on a "rencontrée" dans le train, au début, et qui nous invite à un flashback sur son expérience brêmoise, à l’époque justement des derniers jours de ladite empoisonneuse. L’affaire nous est donc dévoilée à nous aussi au fur et à mesure que l’héroïne en prend connaissance, mais toutefois de manière à "voir" ces situations qu’on lui raconte, comme si on y assistait nous-mêmes.

Entre fiction à but narratif et réalité, cette BD donne envie d’aller s’imprégner sur place, de voir cette pierre du crachat, de faire des recherches… Oui, c’est une bande dessinée culturelle intelligente, et oui, elle donne envie de faire du tourisme ! Echafaudé par Peer Meter après maintes recherches de documentation et à la lumière d’éléments parfois très récents relatifs au procès de Gesche Gottfried, le scénario permet également à son auteur de faire la critique de la société masculine brêmoise d’alors. Sa mise en images a été confiée à Barbara Yelin dont c’est la première collaboration avec un scénariste ; Peer Meter, donc, qui, quelques années plus tard, publiera avec Isabel Kreitz un autre récit historique dans le genre, j’ai nommé Haarmann, le boucher de Hanovre (Casterman, 2011).

A la fin de L’empoisonneuse, après les planches de la bande dessinée, vous trouverez quelques pages revenant sur les principaux (véritables) personnages mis en scène. Vous sortirez probablement de cette lecture avec l’envie forte de découvrir d’autres œuvres du genre : celle-ci vous aura en effet offert un récit d’un très grand intérêt porté par un dessin sensible et juste.
 

Par Sylvestre, le 20 avril 2011

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