L'écureuil du Vel' d'Hiv

En mai 1940, à force de victoires, Sam Ancelin est devenu un coureur cycliste sur piste reconnu par le tout Paris. S’entraînant sans relâche, tel un écureuil, sur la piste en bois du fameux Vélodrome d’Hiver, il occulte quelque peu les terribles évènements qui grèvent l’Europe. Jusqu’au jour où il se voit refusé l’entrée suite à la réquisition arbitraire de plusieurs centaines de femmes émigrées allemandes. Pour l’une des premières fois, le temple parisien du sport sert à des fins beaucoup moins humaines. Ces faits engendrés par la terreur que l’occupant allemand ne tardera pas à faire régner, vont marquer à tout jamais la destinée de Sam qui, entre son parcours sportif, l’opportunisme d’un père médecin et flambeur et l’engagement partisan de son frère handicapé Eddie, va traverser des situations bien douloureuses.

 

Par phibes, le 9 octobre 2012

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Notre avis sur L’écureuil du Vel’ d’Hiv

Après L’aigle sans orteil et Pain d’Alouette, Christian Lax poursuit son tour de piste des récits historiques inhérents à un domaine qu’il affectionne tout particulièrement, celui concernant la petite reine. Cette fois-ci, il s’attache à narrer l’histoire d’une famille parisienne sous l’occupation allemande avec en toile de fond le fameux Vélodrome d’Hiver, ancienne salle de sports reconnue par le tout Paris de la première moitié du 20ème siècle.

Utilisant un concept scénaristique aiguisé consistant à jongler habilement entre les époques, passé et présent, le récit nous entraîne dans une prose dont l’artiste a le secret, toujours aussi spécialisée(voir le petit lexique de fin d’album), documentée et humaniste. Basée sur des faits réels parfaitement campés, l’histoire que l’on découvre a le don de sensibiliser ouvertement grâce à la naturalité des personnages, à leur particularisme tranché (Sam le sportif, Eddie l’érudit enflammé, Serge l’opportuniste manipulé), à leurs tranches de vie évoquées parfois exaltantes, souvent dramatiques, et qui se veulent le reflet éloquent d’une époque trouble. De même, elle se rapporte à un monument parisien dont le nom abrégé évoque à tout un chacun des évènements forts, qu’ils soient liés au sport ou à des faits tragiques durant la guerre (qui ne connaît la terrible rafle du Vel’ d’Hiv, liée à l’enfermement de familles juives préalablement à leur déportation pour les camps de concentration).

Graphiquement, l’artiste conserve ce trait plein de finesse qu’on lui reconnaît par ailleurs. Avec technicité, douceur et réalisme, dans des accents d’antan maîtrisés, ce dernier parvient, sans ambiguïté, à nous faire rentrer dans son histoire. Occultant avec justesse des effets agressifs de colorisation, il opte pour un encrage léger, suffisant pour laisser transparaître sa quête d’authenticité au travers d’un travail remarquablement documenté et juste dans les proportions (que ce soit au niveau de ses personnages hautement convaincants ou au niveau de la représentation du Vel’d’Hiv).

Un superbe one-shot plein d’émotions qui oscille entre témoignage et histoire intimiste. A lire !

 

Par Phibes, le 9 octobre 2012

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