L'écume des jours

Comme chaque fois qu’il le peut pour subvenir à ses besoins, Colin, jeune homme aisé de 22 ans qui a la particularité de se tailler les paupières, reçoit son ami Chick, petit ingénieur sans le sou. Grâce à l’intégrité et le savoir-faire de Nicolas, son majordome disciple du grand cuisinier Gouffé, le repas se veut très original et de qualité. La discussion qui s’ensuit révèle que Chick, en premier lieu, sensible aux théories du philosophe Jean-Sol Partre, a rencontré une fille, Alise qui n’est autre que la nièce du domestique. Aussi, Colin étant célibataire, lui confie souhaiter trouver l’âme sœur et pour ce faire, se rend le lendemain à la patinoire pour y rencontrer une autre nièce de Nicolas, Isis. Par l’entremise de cette dernière et lors d’une soirée, il finit par tomber sous le charme de la belle Chloé. Commence une idylle forte que Colin et celle-ci vont confirmer par le mariage. Tout irait pour le mieux si la belle, à l’issue du voyage de noce, ne tombait pas malade. Ne serait-ce pas le prélude à une descente aux enfers ?

 

Par phibes, le 17 mai 2012

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Notre avis sur L’écume des jours

A l’origine, L’écume des jours est un roman écrit par Boris Vian à la fin des années 40. Aujourd’hui, alors que cet ouvrage littéraire s’est vu édité à maintes reprises, adapté au cinéma, à l’opéra… et qu’il se trouve dans la liste (à la 10ème position) des 100 meilleurs livres écrits au 20ème, les éditions Delcourt, sous le couvert de la collection Mirages ont pris l’initiative de le mettre à l’honneur dans une version en bandes dessinées grand public inédite. Pour mener à bien cette opération, deux artistes se sont associés, en l’occurrence Jean-David Morvan (auteur multi-genres de grand renom dans le monde du 9ème art) et Marion Mousse (Frankenstein, Tête de marron, Les contrebandiers du Moonfleet…).

A n’en pas douter, l’adaptation conserve particulièrement l’univers très décalé initié par l’auteur originel. Dès le départ et ce jusqu’à la fin du conséquent album, le lecteur reste dans un continuum, qui a certes pour base le monde réel que l’on connaît, mais qui se veut fonctionner selon un mode opératoire totalement loufoque. Fort de cet esprit pour le moins déroutant, le récit se focalise sur un groupuscule de personnages dont l’un des principaux, Colin, est promis à vivre une histoire d’amour (avec Chloé), auréolée de gastronomie, de musique de jazz et de philosophie (clins d’œil aiguisés à Jean-Paul Sartre, l’ami de Boris Vian), aux circonvolutions et à la finalité insoupçonnées. Riches dans les faits, dans les dialogues, dans le déroulement des péripéties à contre-emploi, les ingrédients narratifs rapportés habilement par le scénariste offrent l’occasion de se dépayser sérieusement (pour preuve par exemple la pêche d’anguilles dans les canalisations d’eau, la danse du biglemoi, la maison qui rapetisse…), et de sensibiliser sur un exercice de style détonant voire enivrant.

Marion Mousse, de son trait généreux et rapide, assure une partie graphique remarquable, bien représentative de l’ambiance insolite portée par le roman. Son style épuré, à mainlevée, revêt un certain charme en faisant naître des personnages bien expressifs dans leurs mimiques, leurs attitudes dégingandées. La magie de son dessin opère surtout dans l’utilisation des aplats de noir (en pleine page) qu’il distille ci et là avec assurance et qui donne un relief des plus intéressant.

Une bien bonne adaptation à lire par ceux qui connaissent déjà l’univers de L’écume des jours ou par ceux qui ont envie de l’appréhender d’une manière plus ludique.

 

Par Phibes, le 17 mai 2012

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