L'attentat

Chirurgien dans l’un des plus grands hôpitaux de Tel-Aviv, Amine Jaafari peut se targuer d’être l’une des fiertés de l’établissement de par la qualité des soins qu’il prodigue et la réputation qu’il s’est construite. Tout pourrait aller pour le mieux pour cet arabe naturalisé israélien dont le plan de charge ne désemplit pas. Malheureusement pour lui, un attentat perpétré dans le quartier d’Haqirya va modifier à tout jamais le cours de sa destinée. En effet, alors qu’il s’emploie à soigner les nombreuses victimes d’un kamikaze, il apprend par son ami le Commissaire Naveed que Sihem, sa femme dont il était sans nouvelle depuis quelques jours, est à l’origine de l’explosion meurtrière. Totalement effondré par la nouvelle terrifiante et la découverte du corps déchiqueté de cette dernière, il décide toutefois de mener son enquête et va tenter d’aller au plus proche de ceux qui ont poussé sa femme à commettre cet acte insensé.

 

Par phibes, le 3 août 2012

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Notre avis sur L’attentat

Les éditions Glénat mettent à l’honneur le nouvel ouvrage concocté par Loïc Dauvillier (L’enfant caché, Hugo et Cagoule, Inès…) en partenariat avec Glen Chapron (Daphnée & Iris, Vents Dominants). Particulièrement branché histoires pour la jeunesse et également adaptations d’œuvres littéraires (Oliver Twist, Le tour du monde en 80 jours…), le scénariste sait également verser dans des récits un peu plus sombres. La preuve en est avec cette nouvelle adaptation, cette fois-ci du roman éponyme de Yasmina Khadra écrit en 2005 et qui a connu un certain succès.

Cet ouvrage se veut, au travers de la fiction développée, nous sensibiliser sur un conflit territorial, politique et culturel qui perdure depuis de nombreuses décades à savoir celui entre Israéliens et Palestiniens et aussi sur la position sociétale de ces personnes qui ont opté pour la naturalisation. En effet, prenant donc ses bases dans ce malheureux et semble-t-il inextricable contexte, l’histoire évoque tout particulièrement le destin d’un homme qui, pourtant éloigné de cette situation conflictuelle, est appelé, à la suite d’une nouvelle traumatisante, à tenter d’en saisir les fondements.

Bien imprégné du roman d’origine, Loïc Dauvillier nous offre une mouture complète, forte de 152 planches. Considérant la césure opérée pour les besoins de cette adaptation, l’artiste parvient à produire un récit linéaire sans écueil. Il s’attache ainsi à nous faire suivre les pérégrinations d’Amine, frappé de plein fouet par un drame insoutenable. A ce titre, l’émotion est au rendez-vous, portée évidemment par ce personnage, à prime abord privilégié, et dont la vie (pourtant heureuse) va basculer dans l’horreur psychologique. La quête qui s’ensuit est pour le moins entreprenante, fait étalage des différentes étapes psychiques du chirurgien (abattement, dénégation, colère, détermination…) et génère habilement beaucoup de questions, dont beaucoup resteront sans réponse (à l’image du conflit récurrent). La tension est palpable au travers des nombreuses rencontres et du caractère puissant des idéologies (culturelles et religieuses) qui sont mises en présence. A cet égard, on reconnaîtra avec plaisir que les auteurs ont su éviter une prise de position préjudiciable, laissant ainsi le lecteur maître de ses pensées.

Le graphisme de Glen Chapron est pour le moins réussi. Son trait explicite qui se veut semi-réaliste et d’une simplicité redoutable, fait bien ressentir le drame ambiant grâce à des personnages à l’effigie maîtrisée et attirante. Le travail sur l’évolution psychique d’Amine vaut réellement le détour et donne effectivement beaucoup de poids au message délivré, prouvant que ce dessinateur a un certain potentiel.

Une introspection initiatique au cœur du terrorisme qui ne peut laisser de marbre. Bref, une adaptation réussie d’un roman qui a reçu précédemment de nombreux prix !

 

Par Phibes, le 3 août 2012

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