ASSASSIN QU'ELLE MERITE (L')
La fin de l'innocence

Alec aurait-il réussi son pari ? Son cobaye, à savoir le pauvre Victor, est tombé dans la violence bien plus vite qu’il n’aurait pu l’imaginer. N’est-il pas recherché par la police pour braquage ? Et comme la justice ne le trouve pas, elle s’en prend au père, qui est jeté en prison.

Victor, lui, ne se doute encore de rien. Il se réveille, en effet, dans l’appartement miteux d’un militant issu d’un groupuscule politique extrémiste. L’homme l’a récupéré en piteux état, soucieux de sauver celui qu’il considère comme un héros après l’avoir vu “tirer dans la juiverie”. Voilà Victor sous influence d’un chômeur qui pense que le complot juif est à l’origine de tous les malheurs de l’Empire. Cela ne devrait rien arranger à la mésaventure qui risque fort de tourner au drame.

Par legoffe, le 21 avril 2012

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Notre avis sur ASSASSIN QU’ELLE MERITE (L’) #2 – La fin de l’innocence

L’histoire imaginée par Lupano aurait pu, comme il l’a déjà si bien fait pour d’autres séries, s’installer dans la satyre ou la comédie sociale. Tout restait encore possible à la lecture du premier tome, même si le final montrait le jeune Victor basculant dans la délinquance.

Mais l’auteur a fait son choix. La suite est le digne reflet de la révolte du garçon à laquelle nous avons pu assister. Victor ne veut plus retomber dans la pauvreté après avoir goûté au luxe et à la luxure. Et pour parvenir à ses fins, et tenter de régler ses comptes avec les riches qui l’ont “abandonné”, il va descendre pas à pas l’escalier qui mène aux Enfers.

Bien sûr, il va le faire progressivement. Il reste encore au jeune homme quelques bribes de son éducation puisque son premier objectif est de sortir son père de prison. Le livre raconte ses manoeuvres pour y parvenir, ainsi que sa plongée dans un monde encore plus rude que celui de ses parents, fait de chômage et de misère.

La pauvreté, on le voit, est un terreau fertile pour l’antisémitisme. De ce point de vue, l’auteur montre comment la faim et le sentiment d’injustice, ajoutés à de mauvais discours, peuvent facilement faire basculer un être dans l’extrémisme (l’Histoire l’a, hélas, démontré plus d’une fois).

Si le récit s’assombrit vraiment, il garde toute sa force et son intérêt. Les bribes de comédie ont disparu, laissant la place à des histoires de crime organisé. Une nouvelle piste quasi inattendue qui fait indéniablement monter la tension. Le héros s’enlise dans la situation dramatique qu’il a créée (avec l’aide bien sûr d’Alec) et nous découvrons toute la tragédie qui en découle, façon “effet domino”.

On regrettera peut être, un peu, que les deux riches qui ont créé cette situation n’apparaissent guère dans ce tome. Ils donnaient un réel piquant au récit et s’avéraient aussi importants que Victor dans la distribution. Mais le final du deuxième opus laisse à penser qu’ils vont reprendre le chemin de la scène dans le troisième album de la série. La dernière page est, en effet, pleine de promesses !

Parlons des dessins, d’ailleurs, car celui qui en est l’auteur a déjà passé depuis un certain temps le stade des promesses. Yannick Corboz a encore affiné son style pour ce nouvel album. Les épais traits noirs ont laissé place à des dessins plus fins et des décors plus fouillés. Les planches n’en sont que plus belles. Le découpage et la mise en scène sont également très travaillés avec une approche des perspectives vraiment intéressante. Le dessinateur parvient, ainsi, à instaurer une véritable idée de mouvement et d’espace qui donnent l’impression au lecteur de plonger dans l’aventure avec les personnages. Quel boulot ! On se croirait presque au cinéma…

Il me tarde donc de connaître la suite car ce second opus est une transition. Nous assistons ici à la descente aux enfers d’un garçon qui n’avait rien demandé. Nombre d’éléments laissent à penser que le troisième tome va être celui de tous les rebondissements et, pourquoi pas, celui de toutes les rédemptions !

Par Legoffe, le 21 avril 2012

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