& autres récits

L’album est constitué d’une grande nouvelle, « l’ascension » et de sept nouvelles de diverses tailles dont six ont été scénarisées par le frère de l’auteur, Jean-Luc. "L’ascension" : L’homme sans nom ne se doutait pas qu’un jour, une simple porte entrouverte viendrait chambouler sa vie. Il laissa alors tomber son travail d’autodafé et entreprit une ascension révélatrice au sein d’une cathédrale apparemment sans fin. "Chez Noël" : Un homme jeune vient habiter dans une rue où ne résident que des personnes âgées. Tout semble bien se passer, jusqu’au jour où… Les pavés St-Eloi : Les pavés de cette cours d’immeuble cache un affreux secret. Les pavés resteront-ils muets? "Le cimetière" : Jusqu’ou mènera le pèlerinage de deux papis nostalgiques du souvenir de Colette? Le dernier : Suite à la découverte d’un arsenal nazi, un homme se terre depuis trois ans dans une cave. Il échafaude un plan dont le monde se souviendra. Aujourd’hui, il s’arme consciencieusement pour passer à l’acte final, car il a tout écrit, il a tout prévu… "Monsieur Hamid" : Un vieux boxeur nous raconte sa carrière. Le port de Nantes : Journée d’un vieil homme errant sur l’histoire du port de Nantes. "la valise" : Cet homme d’affaire dynamique, à la pointe du progrès, décidé et décideur, ce requin de la finance va être trahi par un proche.

Par FOLS, le 1 janvier 2001

Notre avis sur & autres récits

Les histoires des frères Mathieu sont emprunts d’humanité, de sentiments, et de réflexions sur l’existence. Elles nous touchent au plus profond et nous renvoient à nous même.
Les courtes nouvelles sont à lire lentement, il ne faut pas se fier à leurs petites tailles et les lire d’une traite, il faut au contraire les savourer, peser chaque mot lu, chaque image vue et prendre bien conscience de leurs sens. Sinon, on risque de gâcher l’effet final ou de passer à côté de l’essentiel.

La nouvelle qui m’a le plus touché est la plus longue. De haut de ses dix-neuf planches, « l’ascension » m’a amusé dans un premier temps. Ne m’attardant que sur la forme ou sur le jeu de l’univers propre à Marc-Antoine Mathieu, je me complaisais dans l’absurdité de la situation.
Puis dans un deuxième temps je me suis penché sur le fond, et je découvrais alors que si l’auteur avait été très sage sur la forme, il en avait sublimé le fond. La mise en abîme me laissait pantois, je me surpris alors à me regarder dans un miroir.
Marc-Antoine est un poète moderne génial, il nous enchante avec ses paraboles, ses métaphores, la vision de son monde, de notre monde finalement.
Chaque autre nouvelle de l’album est une ouverture sur l’être et les sentiments. La simplicité apparente de ces histoires cache une montagne d’interprétations, de réflexions sur notre société, sur les relations entre les gens, sur l’existence ou encore les différents points de vue.
Les nouvelles vous toucheront différemment suivant votre vécu, personnellement ce sont « les Pavés de St-Eloi », qui m’ont le plus particulièrement déconcerté, il en est de même pour « la valise ».

De simple observateur, dans « l’ascension », nous devenons intimement liés aux protagonistes grâce à une narration « off » à la première personne dans les autres nouvelles.
Le découpage de « l’ascension », est très codifié, la structure moule à gaufre est omniprésente, elle est strictement ponctuée par des entêtes de chapitre en forme d’alcôve où les seules incartades sont trois grandioses case-planches . Ce carcan structurel, me paraît amplifier l’aspect écrasant de la vie de la cathédrale. De plus cela contraste avec la conclusion.
Le découpage des autres nouvelles est lui aussi, la plupart du temps,
réfléchi; comme cette barre pavée pleine de sens, que l’on retrouve sur chaque planche du récit « les pavés de St-Eloi »
Pour prendre l’entière mesure des histoires de cet album, il faut s’efforcer de lire entre les lignes, d’essayer de voir au-delà du dessin, au-delà de la première couche superficielle.

Le dessin quant à lui est constitué d’un trait simple et précis accompagné de noir et de blanc, il nous force à nous projeter et à nous impliquer dans l’histoire. L’aspect dramatique en est renforcé. Au risque de paraphraser Thierry Groensteen, auteur de la préface, le dessin « ligne claire », vêtu de son opposition franche entre le noir et le blanc alimente l’univers propre a Marc-Antoine Mathieu.
Dès la première case, on est englouti dans son monde onirique. Ces personnages, foncièrement humain, portent sur eux les traces de leur passé.
Cet album, nous permet de percevoir également l’évolution du trait de Marc-Antoine vers une stylisation plus expressive, puisque plusieurs années séparent «l’ascension » et « la valise » des autres nouvelles.

Même si cet album n’est pas le plus emblématique du travail de l’auteur, il n’en reste pas moins personnel. Il me semble moins spectaculaire que ces précédentes bandes dessinées, mais certainement pas moins profondes.

Par FOLS, le 24 mars 2005

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