ARABE DU FUTUR (L')
Une jeunesse au Moyen-Orien (1978-1984)

Clémentine est bretonne, mais fait ses études à Paris. C’est là qu’elle rencontre Abdel-Razak, Syrien venu passer son doctorat en histoire contemporaine. De leur union naît, en 1978, Riad Sattouf.

Le petit n’a que deux lorsque son père obtient un poste de Maître à l’Université de Tripoli, dans la Libye de Kadhafi, devenu le « Guide de la Révolution » depuis un an. Le changement de vie est radical pour la petite famille ! Et Riad, avec sa longue chevelure blonde, fait sensation.

Par legoffe, le 12 janvier 2016

Notre avis sur ARABE DU FUTUR (L’) #1 – Une jeunesse au Moyen-Orien (1978-1984)

Cette bande dessinée aura été un des grands succès de l’année 2014. Fauve d’Or au festival d’Angoulême 2015, Grand prix RTL de la BD 2014…. Et plus de 200 000 exemplaires vendus, ce qui démontre qu’il ne s’agit pas uniquement d’un succès critique, mais aussi publique. Une belle reconnaissance pour un roman graphique publié – qui plus est – dans une jeune maison d’édition.

Il faut dire que Riad Sattouf a su mêler, dans son autobiographie, chronique sociale, découverte culturelle et une bonne dose d’humour. C’est un de ses grands talents, nous dépeindre avec douceur et drôlerie la société lybienne puis syrienne des années 1980. Il est vrai qu’il se met à la place de l’enfant, dont le regard est forcément très innocent. Pour lui, c’est un dépaysement, une aventure quotidienne, fait d’anecdotes et de découvertes qu’il partage avec le lecteur.

La méthode est efficace car, à travers ses yeux, nous nous immergeons dans ce monde très éloigné du notre. Nous découvrons les effets de la politique de Kadhafi sur la vie quotidienne des gens, les histoires d’abolition de la propriété privée, les difficultés d’approvisionnement, la propagande… Etonnamment, lorsque tout cela est raconté du point de vue de l’enfant, c’est presque toujours amusant.

Si cette société étonne l’occidental que je suis, je ne peux m’empêcher d’être aussi surpris par la capacité de la mère de Riad à s’adapter à cette vie si éloignée de celle qu’elle a connue jusqu’à présent en France. Et que dire de ce père, certes docteur et, en même temps, particulièrement naïf.

Bien sûr, il faut sans doute prendre un peu de recul par rapport à la BD. L’auteur recompose des souvenirs très lointains, forcément dépendants des récits qu’on lui en a refait par la suite (comment réellement se souvenir de ce que l’on a vécu à 2 ans ?). Sa vision de la famille est forcément très personnelle. Il n’est pas non plus vraiment question de l’oppression des dictateurs. Parce que le sujet n’était pas vraiment montré à un enfant ? Ou bien parce que cette famille n’a pas réellement assisté aux actes de répression ?

Il n’en reste pas moins que l’aventure est passionnante. Chaque page est source d’étonnement.

Le plaisir réside aussi dans la façon de dessiner de l’auteur. Le trait est simple, l’esprit plutôt au monochrome, mais les personnages sont particulièrement expressifs, les décors jolis. En d’autres termes, c’est efficace et bien dans l’esprit du récit.

Alors que la guerre ravage la Libye et la Syrie à l’heure actuelle, cette plongée dans ces sociétés, trente ans auparavant, s’avère particulièrement salvatrice. Un sacré choc des cultures !

Par Legoffe, le 12 janvier 2016

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