L'appel

Pour Cécile, son fils, jeune bachelier, est en vacances en Ardèche. C’est une montagne qui lui tombe sur la tête lorsqu’elle reçoit une clef USB postée de Turquie sur laquelle Benoit lui annonce qu’il est parti faire le Jihad en Syrie.

Par olivier, le 21 novembre 2016

Notre avis sur L’appel

Quel cheminement, quelle démarche intellectuelle, quelle histoire pousse un jeune homme ou une jeune femme à partir vers la Syrie ? Ces questions Cécile se les pose, alors que son fils vient de quitter la France pour la Syrie. Le message vidéo qu’il lui a laissé ne laisse aucun doute, il met en avant la mort d’un de ses camarades de lycée comme déclencheur de son geste.
Persuadé que la mort de son ami Bilal n’est pas accidentelle, mais due à une bavure policière, Benoit, que rien ne prédisposait à partir pour le Jihad, a basculé.

Le questionnement de la famille, de la maman en l’occurrence est terrible, sur son manque de discernement, sur les signes qu’elle n’a pas perçu, les changements qu’elle n’a pas vus. Commence alors pour elle un véritable travail d’enquête, un retour sur les derniers mois de la vie du jeune garçon avant son départ

Nous sommes dans la plus tragique des actualités et Laurent Galadon déroule le fil de ce destin à la manière d’une enquête policière. Le lecteur suit le questionnement de la maman et avec elle toutes les personnes que son fils fréquentait pour essayer de comprendre comment, pourquoi, il s’est laissé embrigader.
Quel est le terreau le plus fertile à voir germer les idées les plus fanatiques, comment un jeune peut-il en arriver à basculer dans l’extrémisme, alors que rien ne le prédispose et qu’il n’est même pas musulman ?

Le scénariste décortique le hameçonnage via les réseaux sociaux et le prosélytisme de djihadistes parfaitement formés à l’endoctrinement qui s’appuient sur les faiblesses de ceux avec lesquels ils entrent en contact pour les convaincre
Comment à partir du moment où ils mettent le doigt dans l’engrenage, ils ne les lâchent plus selon une méthode bien rodée, tels le serpent Ka qui serine « aie confiance, crois en moi », mais ce n’est pas du Disney, la mort au bout du chemin est bien réelle.

C’est insidieux, comme un poison qui s’insinue lentement

Un album chargé d’émotion, simple et sans surcharge. Laurent Galandon porte un regard le plus objectif possible sur ces jeunes instrumentalisés et leur famille, sans porter de jugement de valeur et surtout sans stigmatiser la communauté musulmane.
Le drame vécu par la mère est terrible, d’une violence insupportable et pourtant elle fait face, tentant par tous les moyens à sa disposition de faire revenir son fils, avec un courage que seul l’amour peut donner.
L’écriture sobre des dialogues, d’une justesse et d’une pertinence manifeste démonte avec délicatesse la mécanique de l’endoctrinement et nous place face à la détresse des familles totalement désemparées.

Le dessin de Dominique Mermoux porte avec sobriété ce récit, emportant dans un délicat roman graphique une chronique sociale d’un réalisme et d’une actualité effrayante.

Un album tout en retenue, qui ne sombre pas dans le manichéisme, à mettre absolument entre toutes les mains.

Par Olivier, le 21 novembre 2016

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