APACHE ET LA COCOTTE (L')
Ange

Pour avoir fait une très grosse bêtise qui coute cher à ses parents, Ange Guillaumin, est envoyé chez son oncle qui tient une boutique de produits auvergnats à Paris, dans le quartier de la Bastille.
Sortant de sa province, le jeune homme de seize ans se trouve dès son arrivée plongé dans l’ambiance mal famée de la capitale du tout début des années 1900. Sur le chemin qui le mène de la gare chez son oncle, qui a oublié de venir le chercher, Ange croise la route d’une prostituée et de son mac, rencontre qui tourne à la bagarre dont Ange, avec la vigueur et la hargne de son jeune âge, sort vainqueur ayant arraché un morceau de l’oreille de son adversaire.
Une première rencontre qui va bouleverser la vie des deux jeunes gens.

Par olivier, le 4 septembre 2016

Notre avis sur APACHE ET LA COCOTTE (L’) #1 – Ange

L’apache et la cocotte, ce sont des destins qui se croisent et se percutent dans un Paris violent, où les bandes de truands disputent les quartiers aux communautés qui s’implantent et imposent leurs règles.
Stéphane Betbeder nous invite sans ménagement dans ce monde de petites frappes, de voleurs et de prostituées tout en marquant subtilement une gradation dans la misère, un classement CSP de cette cour des miracles moderne.

Le scénariste pose rapidement les bases d’un scénario vivant, où les rues bruissent d’une vie hésitant encore à basculer dans la modernité. Les fiacres et les petits vendeurs à la sauvette et leurs chèvres côtoient la modernité affichée par l’exposition universelle et Stéphane Betbeder nous décrit une ville en plein bouleversement où les situations tragiques des personnages nourrissent un scénario réaliste où plane l’ombre d’Eugène Sue.

A cette frontière où se côtoient la canaille et la bourgeoisie à la recherche de plaisirs que leur refuse une société corsetée dans la pudibonderie, où la différence entre la prostituée et la cocotte ne tient qu’à un jeu de séduction, Betbeder par petites touches recrée l’atmosphère de la capitale.
L’orgue de barbarie accompagne les goualantes de Fréhel ou d’Yvette Guilbert, et les dialogues empreints d’un argot tout à fait d’époque nous plonge dans l’ambiance d’un monde en pleine mutation qui brinquebale les cœurs et les destins.
C’est une surprenante intrigue qui pourrait paraitre simpliste au début de l’album : un jeune provincial tombe amoureux d’une prostituée soumise à un mac violent. Mais en jouant sur les caractères de ses personnages et avec une remarquable mise en abîme, le scénariste construit un scénario où les sentiments et l’aliénation de la liberté des personnages se percutent sur un fond d’indigence.
Pour ce premier tome d’une série construite à la manière d’un feuilleton, Stéphane Betbeder s’appuie sur le dessin d’Hervé Duphot, un habitué des bandes dessinées à fond historique, pour planter son décor et développer dans le même temps l’intrigue et les caractères de ses personnages.
Le trait précis, réaliste est d’une redoutable efficacité, les rues de Paris s’animent et les personnages de papier prennent une consistance qui nous attache à leurs infortunes.

Vous aurez du mal à refermer l’album après le cliffhanger laissé par stéphane Betbeder, alors, ne boudez pas votre plaisir et plongez sans hésitation dans ce récit

Par Olivier, le 4 septembre 2016

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