L'accablante apathie des dimanches à rosbif

Brice Fourrastier était humoriste. Lors de ses one-man-shows, il donnait des crampes à l’estomac à un public qui en redemandait. Mais un jour, c’est son estomac à lui qui lui a fait une drôle de blague. Diagnostic : ulcère. Pronostic : plus que six mois à vivre. Peut-être trois. Qu’on soit humoriste ou pas, ce genre de nouvelle, à 40 balais, ça fait rire personne…

Brice Fourrastier est décédé. Il a laissé un grand vide dans le cœur de ceux qu’il aimait. Et il leur a laissé aussi un dernier sketch… Inédit…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur L’accablante apathie des dimanches à rosbif

Avec un titre à rallonge original comme celui-là et un bocal à poisson en couverture, je m’attendais plutôt à assister à un huis clos dans une demeure des Highlands, par exemple. Puis lorsque j’ai ouvert pour la première fois cette bande dessinée, j’ai presque trouvé… que le style graphique collait très bien à cette idée que m’avait inspirée le titre !!!

Comme quoi avant d’avoir un avis sur un livre, le mieux est encore de l’avoir lu… car loin des Highlands et de leurs manoirs à huis clos, c’est dans le présent "bien-de-chez-nous" que se déroule l’histoire.

Un premier conseil avant tout : lisez cette BD si vous avez vraiment devant vous le temps de la parcourir la totalité de ses 240 planches, car entrecouper votre lecture ferait peut-être "descendre la sauce" et nuirait ainsi à l’émotion que vous ne manquerez pas de sentir grandir au fur et à mesure de votre lecture.

En effet, si la BD part d’une séquence d’enterrement – celui de Brice, le héros, c’est logiquement pour nous inviter à un long flashback. On apprend vite que Brice était un comique, mais à ce stade-là, tout peut encore arriver : BD policière, simili-reportage sur la vie d’artiste, etc, etc…

Et là où ça commence à devenir très sérieux, c’est quand on comprend en même temps que lui que les heures de Brice sont comptées. Double objectif alors pour les auteurs Gilles Larher au scénario et Sébastien Vassant au dessin : nous raconter non seulement l’histoire d’un gars qui sait qu’il va mourir à un âge où c’est pas juste, mais en plus, le voir gérer sa tristesse et celle de ses proches alors que son sacerdoce donnait plutôt dans le radicalement opposé : le rire.

L’accablante apathie des dimanches à rosbif (donc pas de majuscule à rosbif : on n’est pas en Ecosse 😉 nous captive très très vite et ne nous lâche plus. Le dessin en noir et blanc est tout indiqué pour ce récit et le style au trait et aux remplissages nerveux traduirait presque l’état d’esprit de Brice : "vite, il faut avoir tout fini, tout réglé, avant de mourir".

Le texte est d’une importance capitale et d’une qualité indéniable : Brice, de métier, joue avec les mots ; il aurait été dommage que les dialogues n’aient pas cette succulence des phrases qui font mouche. Et on est servi, autant dans le domaine des réflexions sur la mort que dans les gags desquels on est spectateurs.

Vous l’avez compris, L’accablante apathie des dimanches à rosbif est une bande dessinée à ne pas ignorer, une bande dessinée qu’on garde un bon moment entre les mains après l’avoir terminée, marqué par ce qu’on a "vécu" en la lisant…

Félicitations aux auteurs !
 

Par Sylvestre, le 1 mars 2008

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