Le corps et l'âme

Le jeune ecclésiastique Bernard de Clairvaux a été envoyé par l’abbé de Cîteaux Etienne Harding dans le val d’Absinthe à proximité de Bar-Sur-Aube pour prendre possession des terres appartenant à Josbert le Roux, vicomte de Dijon et sénéchal de Champagne. Entouré de plusieurs condisciples, le jeune frère a pour mission d’y faire germer la parole de Dieu et entame, dans cette optique, la construction d’une abbaye. Mais la création de cet édifice n’est pas pour plaire aux compagnons de la pouillerie qui habite dans la forêt la plus proche et qui, par l’intermédiaire de leur représentant Anthelme, ne manquent pas de le reprocher à la petite communauté. Bernard parvient tout de même à calmer les ardeurs belliqueuses de leurs visiteurs à coups de paroles apaisantes et pleines d’intelligence. Sa foi en son chantier n’ayant pas été entamée, le jeune moine poursuit son œuvre sans relâche et tente de faire appel à des ouvriers à Troyes. Mais il semble que la main d’œuvre soit réellement difficilement à trouver, surtout qu’aucun salaire n’est proposé. A moins d’un miracle, le projet d’abbaye semble être voué à l’échec.

Par phibes, le 15 mai 2015

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Notre avis sur Le corps et l’âme

À l’occasion du neuvième centenaire de la fondation de Clairvaux, les éditions Glénat publient cet ouvrage ayant trait à la création, au 12ème siècle, de ce superbe édifice religieux situé en Champagne-Ardenne sous l’impulsion du jeune frère cistercien Bernard. Cette évocation historique signe, comme il se doit, l’association de quatre spécialistes en bandes dessinées (Didier Convard, Eric Adam, Denis Béchu et Charlotte Bey) qui se sont imprégnés de l’histoire de ce monastère et de celui qui œuvra pleinement à sa construction.

Compte tenu de la valeur des coscénaristes qui se retrouvent après avoir œuvré ensemble sur le premier opus de Roma, sur l’album dédié à Vercingétorix, sur les deux tomes de Versailles… et qui démontre une certaine propension à travailler sur des récits historiques, il est évident que la rigueur est de mise. Fort d’une documentation particulièrement dense, les deux auteurs nous livrent une évocation complète et assez rapide qui a la particularité de bien mettre en exergue l’homme qui fut à l’origine de l’édification du fameux monastère. A cet égard, à la faveur d’une synthèse et d’un choix de tranches de vie qui se suffisent à elles-mêmes, le récit nous permet de cerner parfaitement le caractère de Bernard, religieux on ne peut plus intègre et inlassable, totalement voué à son mode de vie monacal singulièrement strict, doté d’un talent oratoire hors pair et d’une force pacificatrice qui lui permirent de gagner à sa cause et à celle de son ordre nombre de fidèles et d’être reconnu au plus haut niveau de l’église catholique au point d’y assurer une certain e influence.

Aussi, cette évocation historique, constituée avec un sérieux évident, s’appréhende avec un grand intérêt et vaut avantageusement pour son côté didactique. La destinée de Bernard se veut impressionnante du fait de son évolution qui permet de voir comment un homme charismatique et volontaire a pu marquer de façon indélébile l’Histoire de France.

Après son diptyque ésotérique In Nomine, Denis Béchu reste dans le graphisme historique. Là encore, le jeune dessinateur démontre son potentiel artistique basé sur une recherche d’authenticité avérée. Ses planches sont toujours agréables à parcourir, à la faveur d’un travail sur les personnages et sur les arrière-plans remarquablement soigné.

Un très beau travail historique qui a la particularité d’être le fruit d’un partenariat entre la maison Glénat et le Département de l’Aube. De même, il est à noter que la sortie de cette bande dessinée accompagne en parallèle la rénovation du parcours de visite de l’abbaye de Clairvaux ainsi que une exposition sur l’aventure cistercienne organisée à l’Hôte-Dieu-le-Comte de Troyes du 5 juin au 15 novembre 2015.

Par Phibes, le 15 mai 2015

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