KZ DORA
L'intégrale

Au matin du 1er septembre 1939, la frontière polonaise est franchie par les troupes allemandes. Ce passage en force décidé par Hitler représente les prémices de la seconde guerre mondiale. Comme il se doit malheureusement, cette invasion guerrière remue l’opinion et engage inévitablement d’autres pays tel la France à se lancer dans le conflit. Face à ces évènements, Paul et ses amis étudiants de l’école militaire française s’inquiètent pour leur avenir. De son côté, Emile, en véritable coureur des bois, est encore loin du conflit qui gronde. Du côté allemand, Hans qui fait partie des jeunesses hitlériennes, s’entraîne au combat avec un certain zèle tandis que Bastian, officier de la division Totenkopf blessé dès le début des hostilités, profite de sa convalescence et que Michael, scientifique plein d’ambition, espère que ses travaux sur les missiles seront bientôt reconnus par Hitler. Tous les cinq ne le savent pas encore que les évènements tragiques qui vont suivre vont les faire se retrouver dans l’un des terribles camps de concentration nazis, à savoir le KZ Dora.

Par phibes, le 14 avril 2015

Notre avis sur KZ DORA #INT – L’intégrale

Après avoir publié en octobre 2010 le premier opus et en janvier 2012 la seconde partie, les éditions Des ronds dans l’O ont décidé, en guise de commémoration des 70 ans de la libération des camps de concentration, de regrouper les deux volumes pour former la présente intégrale et de la proposer aux lecteurs qui seraient passés à côté de la première version.

Préfacé par le résistant diplomate Stéphane Hessel disparu en 2013, cet ouvrage broché nous donne l’occasion de suivre en parallèle, dès le déclenchement de la seconde guerre mondiale, cinq personnages de nationalités et d’horizon différents (les français Paul et Emile, les allemands Hans, Bastian et Michael). Pris dans le tourbillon destructeur du conflit, ces derniers sont appelés à se croiser dans le camp de Dora, camp annexe de celui de Buchenwald et utilisé pour la fabrication d’armes de guerre.

Se basant sur les carnets intimes de son grand-père qui a réellement vécu l’enfer de ce camp (voir son récit complet en fin d’intégrale), Robin Walter nous assure de fait d’une structure scénaristique ambitieuse et scrupuleuse, s’éloignant un tant soit peu du cadre personnel pour évoquer non pas une mais plusieurs destinées. Pour cela, il use d’un alternat efficace, donne la parole à la fois à ceux qui subissent la guerre et ceux qui la font subir, souvent dans des transitions certes un peu trop rapides mais bien efficientes.

Comme il se doit, le récit s’appuyant sur des faits bien précis, les pérégrinations des cinq personnages bénéficient d’une consonance particulièrement puissante. Le témoignage historique troublant qui en découle et que porte l’auteur avec justesse, démontre sans équivoque ce que l’homme est capable de faire à son prochain, dans une cruauté sans limite et totalement affligeante.

Le fait d’avoir opté pour un dessin en noir et blanc conforte le côté sombre de ce témoignage. Pour sa première bande dessinée, Robin Walter nous prouve déjà qu’il a du potentiel et qu’il sait s’en servir pour travailler avec un certain réalisme. A la faveur d’un encrage consistant et d’aplats de noir précis, il parvient à instaurer des atmosphères oppressantes chargées d’émotions.

A l’instar des Carnets de Roger (de Florent Silloray) et de Stalag II B (de Jacques Tardi), voici un ouvrage personnel qui force à la fois le respect et implicitement le devoir de mémoire. Un témoignage complet saisissant à ne rater sous aucun prétexte !

Par Phibes, le 14 avril 2015

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