Kuzuryu

 
Il se fait appeler Kuzuryu, mais ce nom, "Dragon à neuf têtes", vient du motif du bijou qu’il a trouvé dans la main de sa mère alors qu’elle venait de se faire tuer et qu’il n’était encore qu’un jeune garçon. Ce bijou, Kuzuryu le garde toujours sur lui depuis ce jour où non seulement sa mère, mais avec elle tous les autres habitants du village, avaient été massacrés ; lui était l’ultime survivant…

Kuzuryu a grandi, et il est devenu apothicaire ambulant, se référant à son carnet de clients pour visiter à travers le pays ceux à qui il devait apporter leurs remèdes. Il profite de cette vie nomade pour enquêter sur le massacre qui a eu lieu dans son village. Au fil de ses pérégrinations, il va apprendre que huit autres bijoux pareils au sien existent et que les rassembler permettrait de connaître l’emplacement d’un inestimable trésor. Pas étonnant que sur sa route se succèdent les mauvaises rencontres…
 

Par sylvestre, le 1 juin 2011

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Notre avis sur Kuzuryu

 
C’est un one-shot, certes. Mais c’est aussi un pavé ! Chouette ! Un pavé genre le tome 1 de Sabu & Ichi qu’on avait récemment découvert, du même auteur et dans la même collection Sensei des éditions Kana. Kuzuryu est divisé en trois parties. Dans la première, on fait connaissance avec le héros, avec son activité, et on fait la route avec lui, entrant chez différents de ses clients et posant ainsi un certain regard sur la société du Japon de son époque. Dans la seconde partie, on en apprend plus sur l’objet qui orne la tabatière du héros, et on apprend l’existence de huit autres objets similaires ainsi que du trésor auquel ces neuf bijoux sont sensés conduire. Enfin, la troisième mi-temps sonne l’heure des confrontations, des réponses et de la conclusion…

On a un peu de mal à entrer dans la lecture car on se demande si tout ne va pas être que porte-à-porte chez un client puis chez un autre. On se demande si tout ne va pas suivre ce schéma répétitif du début : rencontre, duel, problème réglé… Mais la seconde partie nous montre que non, et l’intérêt devient plus grand : ceux qui seront allés jusque là iront alors jusqu’au bout !

Beaucoup de jolis paysages ornent les planches : des paysages d’hiver, parfois assez impressionnistes, assez "estampes japonaises" (et pour cause !). La vie est rude à cette époque, dans le Japon rural de Kuzuryu, et ces majestueux paysages froids accentuent cette rigueur qui fait un contexte de choix pour un héros taciturne. Le dessin de Shotaro Ishinomori rappelle (encore) celui de Osamu Tezuka, mais en "plus adulte", surtout au niveau de la représentation des personnages. Dommage par contre que les femmes que le mangaka dessine se ressemblent beaucoup ; toutes. Ces femmes, en tout cas, l’auteur leur donne une grande place, même si ce n’est pas toujours la meilleure. On remarquera d’ailleurs cette planche de la page 607 où comparaison est faite entre ouverture d’un coffre-fort avec une clé et "ouverture" d’une femme avec… ce que vous imaginez !!!

La fin de ce manga est peut-être un peu trop convenue, et c’est dommage dans ce sens où on y arrive en se disant "ah, c’est là que l’auteur a voulu en arriver ?!". Mais c’est tout le chemin parcouru pour parvenir à cette fin qu’il aura donc fallu apprécier avant, tout ce chemin graphique tracé par l’artiste pour son héros et pour ses lecteurs "de l’époque" (en 1974, lorsque est parue cette bande dessinée), avant nous.

Avec Kuzuryu, notre connaissance de l’œuvre de Shotaro Ishinomori se fait plus grande encore qu’elle ne l’était jusque là. Bravo et merci donc aux éditions Kana qui, par leurs choix éditoriaux, nous font rattraper petit à petit notre retard culturel !
 

Par Sylvestre, le 2 juin 2011

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