KRAA
La vallée perdue

Perdu entre l’Alaska et la Sibérie, le petit pays du Malaskar est en plein essor. Son sous-sol regorgeant de matières premières inespérées, ce territoire sauvage a tôt fait d’attiser la convoitise des affairistes les moins scrupuleux. Aussi, Klontown, la capitale, n’en finit pas de se développer en accueillant sans cesse de nouveaux arrivants, pour le plus grand plaisir de son maire ambitieux, William Klondike. Mais cette expansion soi-disant civilisatrice doit se faire au détriment des quelques autochtones qui vivent reclus dans la vallée dont le jeune indien Yuma fait partie. Le jour où la vallée se teinte de rouge à la suite d’une initiative très malheureuse, Yuma prend le chemin de la rébellion sous le couvert silencieux et bientôt complice du maître des lieux, Kraa, le dernier des grands aigles.

 

Par phibes, le 10 septembre 2010

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Notre avis sur KRAA #1 – La vallée perdue

Quelques six mois après la sortie des dernières aventures policières de Canardo (Le voyage des cendres), Benoît Sokal revient sur la scène éditoriale en proposant une nouvelle série aventureuse aux accents fantastiques. Pour ce faire, il se projette dans un passé peu lointain (début du 20ème), sur un territoire sauvage à situer dans le grand nord, subissant une colonisation pour le moins radicale.

Dans cette ambiance qui n’est pas sans rappeler celle de la ruée vers l’or, Benoît Sokal nous intéresse plus particulièrement au drame que va vivre l’un des habitants de ce territoire sauvage. Yuma, jeune aborigène, se voit donc opposé à une bande de conquérants sans scrupule, prêts à tout pour tirer profit des richesses naturelles dont regorge le pays. Mais il n’est pas seul, car l’auteur va lui adjoindre un aigle, Kraa, personnage à part entière, qui va faire état, via une voix-off présente, de ses pensées les plus animalières.

Le récit se veut actif de par la mise en place d’une vindicte implacable et émotionnellement forte quant aux agissements des sbires de Klondike et aux réponses extraordinaires des offensés. Dans ce contexte d’épuration, l’auteur y adjoint une grosse touche de fantastique en permettant au curieux tandem (Yuma et Kraa) d’entretenir une certaine connivence pour lutter contre l’oppresseur grâce aux dons chamaniques du jeune indien.

Il va de soi que ces péripéties aventureuses superbement amenées sur plus de 90 pages sont l’occasion de faire vibrer en tout un chacun la fibre écologique. L’évocation de la faune du Malaskar semble être en quelque sorte, à l’instar de Kraa, un hymne à la beauté de Dame nature et également à sa dangerosité. De même, son histoire peut être une manière de dénoncer l’avidité extrême de l’homme et sa bêtise, transformé lui-même en un rapace intarissable, vis-à-vis de ce qui l’entoure.

Le travail qu’il a réalisé dans le domaine du jeu vidéo tels que Sybéria, L’amerzone… se retrouve quelque peu dans ce nouvel opus. Revenant à un style plus nature et réaliste, abandonnant le trait qu’il utilise habituellement sur Canardo, il nous enchante de ses dessins pastellés sublimement, au crayonné appuyé, qui dégagent douceur et également cruauté. L’univers qu’il croque avec passion est explicite par ses sites urbains surpeuplés et ses paysages sauvages pittoresques. Pareillement, on ne pourra qu’apprécier la rigueur, la patience, avec lesquelles il dépeint l’oiseau, dans ses couleurs, son plumage, ses attitudes et ses détails.

Un premier opus d’une aventure dramatique aux envolées fantastiques, naturellement probant à lire de toute urgence.

 

Par Phibes, le 11 septembre 2010

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