KRAA
L'ombre de l'aigle

Après avoir assouvi sa vengeance à l’encontre d’une partie de ceux qui sont à l’origine du massacre de ses pairs, le jeune indien Yuma s’est à nouveau réfugié en compagnie de son frère spirituel à plumes, Kraa, dans les montagnes surplombant Lost Valley. Malheureusement, cette dernière se voit menacée par l’avidité de Klondike, le Maire de la ville désormais en pleine expansion située à proximité, Klontown, et de ses partenaires d’affaires dont son sinistre homme de main Morcov. L’énorme chantier est en cours et génère bien des interrogations de la part du journaliste O’Bannon. Quel mystère particulier cache réellement la vallée qui est promise à la submersion par la construction d’un barrage ? Y aurait-il un lien avec la vague de crimes horribles perpétrés précédemment ? Lors du chantier de déboisement pour la construction de la route menant au futur ouvrage hydraulique, un accident fait monter sur les lieux Emily, l’assistante du Docteur Altman. Cette occasion va lui permettre ainsi de retrouver Yuma et son aigle.

 

Par phibes, le 5 février 2012

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Notre avis sur KRAA #2 – L’ombre de l’aigle

Les aventures du singulier duo composé d’un jeune indien et d’un aigle royal dont Benoît Sokal est à l’origine se poursuivent pour mieux nous émerveiller et également nous faire craindre un drame qui couve. Le créateur des sagas Canardo et Paradise nous replonge dans les ambiances sauvages d’une cité du nord américain en cours de développement et une nouvelle fois, nous dépayse dans la confrontation de deux univers portés l’un par l’avide Klondike, l’autre par Yuma et l’aigle Kraa.

Par ce biais, Benoît Sokal titille subtilement notre sensibilité dans ce rapport de force extraordinaire, nous distillant au passage des réflexions sur l’amoralité choquante des affairistes qui font fi de la préservation d’un écosystème et sur la dure réponse de celui-ci face à l’agression. Cette opposition, qui ne se veut pas toutefois si directe dans les faits, donne de la consistance à chaque clan. D’un côté, les "civilisés" amènent leurs mauvaises intensions, leur magouilles financières, leur arrogance, heureusement tempérée par des pairs plus scrupuleux (O’Bannon, Alman, Emily, Valski…). De l’autre, une vallée, belle par nature, se défend grâce à des représentants atypiques (Yuma et Kraa) au lien surprenant et incertain, dans des élans de cruauté barbare effrayants.

Les effets sont garantis, très divergents, suscitant inquiétude et fascination, portés par un soupçon de fantastique non repoussant, et par des dialogues avisés et une voix-off nature liée aux réflexions intimes humanisées de l’aigle Kraa. A cet égard, l’aventure progresse, enfle dans son intrigue et semble nous préparer à un dénouement prochain dans lequel seul un clan sortira victorieux.

Le graphisme est de très haut niveau et nous émerveille par son réalisme aguicheur et ô combien trompeur de par la dureté de certaines scènes. Assurément, Benoît Sokal met en évidence son univers grâce à un trait rond, particulièrement efficace dans le détail (la recherche documentaire sur l’aigle royal est impressionnante), superbement colorisé et dépaysant de par les larges panoramas qu’il dépeint avec justesse. Au niveau des personnages, là aussi, l’artiste démontre son coup de patte averti de par la diversité de sa galerie de portraits.

Un deuxième tome remarquable, dans la lignée du précédent, détonnant, dépaysant et inquiétant qui en appelle un dernier prévu en 2013. Le rendez-vous est déjà pris !

 

Par Phibes, le 5 février 2012

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