KORALOVSKI
L'oligarque

Se cachant derrière une fausse identité, le milliardaire russe Viktor Koralavski, magnat du pétrole, purge sa peine au sein de la forteresse pénitentiaire de Carélie orientale. Ayant retrouvé une cellule collective après un isolement forcé, l’homme sent que son emprisonnement a profondément modifié sa personnalité et le confie dans une lettre adressée à sa famille. Alors qu’il est pris à parti par deux codétenus excités, quatre mystérieux hélicoptères viennent attaquer la citadelle et à coup de bombes destructrices parviennent à soutirer un prisonnier. Dans la désolation qui suit, Viktor parvient à s’échapper de sa cellule non sans avoir pris avec lui l’ancien journaliste Dimitri, un autre détenu. Tous deux se réfugient dans la plus proche forêt en se posant la question sur la motivation d’un tel assaut. Qui, pourquoi ? Ne serait-ce pas l’embryon d’un complot étatique au cœur duquel serait mêlé Viktor lui-même ? Avant toute réponse, les deux hommes, rejoints par un autre rescapé, se doivent de rejoindre la frontière finlandaise.

Pendant ce temps, à Berlin, les deux journalistes Anika et Christin, s’intéressent de près au milliardaire Viktor et à son étrange ascension au sein de la communauté russe qui n’est pas des plus appréciées par son président, Vladimir Khanine. Tout en faisant l’étalage des actions du magnat, Anika est bientôt témoin d’une curieuse chasse à l’homme au sein de la capitale allemande.

Par phibes, le 2 mars 2015

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Notre avis sur KORALOVSKI #1 – L’oligarque

Philippe Gauckler revient à nouveau en solo dans le paysage du 9ème art après les aventures assez lointaines (dernier tome paru en 2008) du petit berger nomade Prince Lao. Cette fois-ci, l’artiste abandonne son jeune lectorat au profit d’une équipée contemporaine beaucoup plus adulte et tentaculaire qui doit nous plonger dans une intrigue à tiroirs autour d’un personnage à découvrir.

Il ne fait aucun doute que dès le départ, le récit ne manque pas de souffle. Philippe Gauckler nous permet rapidement de faire la connaissance de celui qui donne son nom à la saga (prévue pour l’instant de s’étaler sur trois tomes) et de le lancer non moins hâtivement dans l’action. A coup de bombes, de déflagrations et de fuite en avant, l’histoire trouve ici la matière suffisante pour attiser la curiosité sur la légitimité d’une telle violence et sur la personnalité omnipuissante et énigmatique du protagoniste principal.

Ce premier opus nous donne aussi l’occasion de s’introduire dans un récit structuré qui, à l’instar d’un récit à la Jean Van Hamme, démontre une stratégie scénaristique fort bien réfléchie, dense et pleine de rebondissements. A cet égard, tout en dévoilant les bases d’une fiction à enjeux multiples (économique, politique, espionnage…) proche d’une certaine réalité, l’artiste nous permet de cerner son noyau aventurier à la russe au travers de plusieurs visions habilement juxtaposées qui, pour l’instant, ne sont là que pour tisser une certaine toile un tantinet opaque. Que ce soit par Viktor lui-même et sa fuite, que ce soit par Anika la journaliste, que ce soit par l’agent Blasko, chaque page est émaillé d’un nombre d’informations très intéressantes et de découvertes bien surprenantes (eu égard à l’assaut destructif de CP 66, au secret sur le pétrole ou au complot à Berlin par exemple).

Au niveau du dessin, Philippe Gauckler s’éloigne du graphisme enfantin de Prince Lao pour retrouver celui qu’on lui connait dans la série Karen Springwell/Convoi. Beaucoup plus réaliste, son trait, ici, se veut bien agréable à appréhender grâce d’une part, à cette richesse picturale (le nombre et la petitesse des vignettes) dont il est porteur et d’autre part à son environnement colorisé bien avantageux.

Un premier tome potentiellement captivant, qui met en avant un nouveau personnage derrière lequel des secrets sont à découvrir et qui promet à la fois beaucoup d’actions et d’enjeux internationaux politico-économiques.

Par Phibes, le 2 mars 2015

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