Kongo

Après le remarqué Martha Jane Cannary, Christian Perrissin poursuit son exploration du genre biographique en compagnie de Tom Tirabosco, avec cette fois-ci un oneshot contant comment Jozef Teodor Konrad Korzeniowski à la suite d’un voyage au cœur des ténèbres du Congo belge est devenu Joseph Conrad.

Par melville, le 5 mars 2013

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Notre avis sur Kongo

Le récit d’aventure où le voyageur trouve le reflet de son âme dans les péripéties qui le conduisent au cœur d’une nature souvent hostile n’est en ce moment guère plus à l’honneur qu’en bande dessinée. Le 9ème art est resté un lieu où le pouvoir accordé à l’imaginaire occupe toujours une place de choix et en cela qui fait écho aux propos de Conrad affirmant que « le réalisme en art n’approche jamais de la réalité ». Encore récemment on pouvait lire dans nos entretiens avec Patrick Mallet ou Bruno Le Floc’h combien Joseph Conrad est un auteur important à leurs yeux.

Le livre est passionnant pour les lecteurs qui aiment Conrad, mais n’exclu pas les autres, et ce grâce notamment à l’angle choisi par Christian Perrissin. L’auteur opte non pas pour une biographie linéaire de Joseph Conrad mais pour trois ans de la vie de Jozef Teodor Konrad Korzeniowski capitaine de la marine marchande britannique qui s’engage aux côtés des colons belges. Trois ans de désillusion au cœur de la barbarie humaine. Le récit est rédigé à la première personne ce qui place le lecteur en position de témoin, de correspondant, permise par le biais des lettres qu’écrit Conrad à sa tante, plutôt que dans celle de voyeur comme la voix off en a parfois le rôle. La narration se place donc toujours à hauteur d’homme. Le récit n’est à aucun moment grandiloquent ou donneur de leçons ; Perrissin réussit (même si par moment certaines scènes sont un peu didactiques) à rendre la complexité historique et humaine de l’époque coloniale tout en dressant le même constat net et amère que son personnage. Le cheminement de la pensée chez Conrad et donc chez le lecteur passe par une fine articulation entre texte et dessin. Les auteurs ont eu l’intelligence de penser leurs lecteurs comme tels. Dans les moments les plus intéressants les mots s’effacent pour laisser place à la force évocatrice des dessins de Tom Tirabosco. Par son sens du cadrage et de leur composition Tirabosco en dit plus long que de nombreux dialogues. Dès l’ouverture, la place des ombres et des lumières laisse transparaître le tourment intérieur de Conrad. Superbe.

Livre riche et captivant, Kongo est à ne pas manquer !

Par melville, le 5 mars 2013

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