La route du Rat

Malgré sa responsabilité dans la mort de nombreux juifs ou de résistants, le SS Klaus Barbie parvient à échapper à la justice à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il va même finir, temporairement, par travailler pour les services secrets américains !

Sentant que son lourd passé peut le rattraper à tout moment, Barbie finit par prendre un bateau avec sa famille, direction la Bolivie…

Par legoffe, le 8 mai 2022

Notre avis sur La route du Rat

C’est une impressionnante BD, un documentaire à vrai dire, que nous proposent Jean-Claude Bauer et Frédéric Brrémaud à l’occasion des 35 ans du procès de Klaus Barbie. C’était, en effet, le 11 mai 1987 qu’il s’ouvrait, à Lyon, rendant enfin justice aux centaines de victimes directes, et à toutes les victimes indirectes, de cet officier SS.

Les auteurs nous racontent le parcours de Klaus Barbie, depuis sa jeunesse jusqu’à son arrestation à La Paz en 1983. Un dénouement dû à la détermination de quelques personnes soucieuses de ne pas laisser en liberté un tel criminel de guerre, notamment Beate et Serge Klarsfeld, qui enquêtèrent sans relâche pendant de nombreuses années.

Le livre revient, bien sûr, en détail sur le rôle et les missions macabres de Barbie durant toute la guerre, d’abord aux Pays-Bas, puis en France. Il dirigera la Gestapo de Lyon.
Il sera notamment jugé pour la rafle de la Rue Sainte-Catherine en 1943, celle plus tristement connue des enfants d’Izieu, en 1944, ou encore le convoi du 11 août 1944, qui justifieront son procès pour crimes contre l’Humanité.

Bauer est un grand connaisseur du dossier car il avait été envoyé couvrir le procès comme dessinateur de presse. Il avait alors 34 ans ! Une expérience qui marque certainement à vie tant les témoignages et les faits sont atroces. Le journaliste raconte d’ailleurs, en fin de livre, l’ambiance du procès, avec des détails assez étonnants.

L’album est remarquable de précision. Quantité d’informations sont racontées, de l’hallucinant parcours de Barbie entre la guerre et son arrivée en Bolivie, sans oublier le procès, auquel sont consacrées nombre de pages.

Tout est développé pour que le lecteur puisse comprendre les enjeux judiciaires et l’ampleur des crimes du Boucher de Lyon.
Et le récit fait froid dans le dos. On a beau en savoir aujourd’hui beaucoup sur les horreurs commises par les Nazis, leur ampleur parvient encore à nous surprendre et à nous choquer. Et cela est d’autant plus marquant que les dessins de Bauer sont réalistes.

Mais le lecteur sera aussi heurté par la facilité avec laquelle le SS aura pu échapper à la justice pendant si longtemps, notamment grâce aux puissances occidentales qui fermeront les yeux au nom de la lutte contre le communisme. Un tel cynisme est assez écoeurant.

Saluons l’impressionnant travail de reconstitution et de documentation des auteurs, qui fait de ce livre une référence sur le sujet. Certes, l’ouvrage à les défauts de ses qualités. A force d’être exhaustif, la masse d’informations à engranger est énorme et la lecture peut parfois manquer de rythme. Mais c’est bien là le seul « reproche » que l’on pourrait faire à cette bande dessinée qui se veut un vrai témoignage pour l’Histoire.

Par Legoffe, le 8 mai 2022

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